10. Aïon – Recherche sur la phénoménologie du soi

Volume 9-2

000284 – Le moi. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 3-7). (§1-12) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 15-19), (§1-12)

Etude des concepts du soi et de l’inconscient dans leur relation avec le moi. Le fondement somatique et psychique du moi contient des facteurs conscients et inconscients. Il y a trois niveaux de contenus dans l’inconscient : ceux qui peuvent être évoqués volontairement (souvenirs) ; ceux qui ne peuvent pas être évoqués volontairement mais qui peuvent se manifester involontairement ; et ceux qui ne peuvent jamais se manifester. Des précédentes discussions, il ressort que le moi est le centre de la conscience mais non celui de la personnalité ; il n’en est qu’une partie et donc inclus dans elle. Il est plus juste d’appeler ce centre de la personnalité : « le soi ». On considère que le moi se forme à partir de l’interaction continue des expériences intérieures et exté-rieures de l’individu. Ses caractéristiques sont propres à chaque personne, mais ses éléments sont communs à tous. Etude des capacités de changement et de déve-loppement individuels au cours du temps. Enfin, évocation et description de l’inconscient collectif comme une subdivision du contenu hors conscient de la psyché.

000285 – L’ombre. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 8-10), (§ 13-19) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 20-23), (§ 13-19)

L’ombre, le plus accessible des archétypes contenus dans l’inconscient collectif, est analysée et différenciée des archétypes de l’animus et de l’anima. L’ombre est composée des éléments obscurs de la personnalité et possède une nature primitive et émotionnelle qui résiste au contrôle moral. Les contenus les plus réfractaires sont en général associés à des projections à tonalité émotion-nelle sur des objets extérieurs et de ce fait leur origine personnelle inconsciente a peu de chance d’être reconnue. Dans les cas extrêmes de projection, l’individu peut se couper totalement de son environnement et vivre dans un monde clos d’illusions. On remarque cependant que les plus fortes projections ne viennent pas de l’ombre mais de l’animus, chez une femme, et de l’anima chez un homme. Dans la mesure où ces archétypes sont d’un genre opposé à celui de l’individu conscient, leurs projections sont encore plus difficiles à reconnaître que celles de l’ombre qui représente d’abord l’inconscient personnel…

000286 – La syzygie : anima et animus. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 11-22), (§ 20 – 42) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 24-36), (§ 20-42)

Description de la nature des archétypes de l’animus et de l’anima ainsi que leurs projections. Ces archétypes de l’inconscient collectif, réincarnés en chaque enfant, se combinent à l’expérience précoce de l’enfant avec le parent de sexe opposé pour créer l’imago de la mère chez les garçons et l’imago du père chez les filles. Du fait des projections de l’animus et de l’anima sur le sexe opposé, il est pratiquement impossible de les reconnaître comme issues de soi-même alors que les projections de l’ombre du même sexe sont plus facilement identifiables. La difficulté pour venir à bout de ces projections réside dans la nature même de ces archétypes, éléments de l’inconscient collectif ; bien que leurs contenus puissent être intégrés, l’animus/a restent distincts en tant que constituants de la structure de base de la psyché. On note que l’intégration de l’ombre, première étape du processus analytique, rend possible la reconnaissance de l’animus et de l’anima ; cette reconnaissance n’est possible qu’à travers une relation personnelle avec un partenaire et la formation de la structure quaternaire du couple. Le quaternio formé chez l’homme par lui-même, sa partenaire, l’anima transcendante et l’archétype du vieux sage et d’autre part chez la femme, entre elle, son partenaire, l’animus et l’archétype de la mère chtonienne, est considéré comme le schéma de la structure du soi et de la structure de la société primitive. Trois références.

000287 – Le soi. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 23-35), ( § 43 – 67) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 37-50), (§ 43 -67)

Définition du soi en relation avec le moi et les instincts ; la visée du soi vers la complétude est rapprochée de la visée parallèle de l’inconscient collectif vers la totalité telle qu’elle est caractérisée dans les symboles du mandala et, en dernier, dans la figure du Christ. On explique que le soi est activé par l’inconscient tandis que le moi est dans le conscient ; aussi longtemps que tous deux sont équilibrés, la personnalité fonctionne normalement. Cependant quand le soi est assimilé au moi ou le moi au soi, il en résulte une inflation de l’inconscient ou du conscient au détriment de la personnalité totale. L’action de ces forces apparaît dans l’individu comme des instincts ou forces naturelles ; le besoin d’équilibre entre elles est ressenti comme un besoin de totalité. On considère que le conflit est représenté, au cours de l’histoire, par les symboles de la quaternité ou du mandala, valorisés du fait de leur similitude avec l’image de Dieu, l’unité suprême ; on estime que la compréhension du mandala naît de l’expérience plutôt que d’un processus intellectuel. Le soi représente la base de toutes les théories unitaires qui font partie de toutes les religions. Dans la mesure où les symboles chrétiens n’expriment plus ce qui jaillit aujourd’hui de l’inconscient, la valeur du christianisme dans le monde moderne a perdu son sens et est vide. Deux références.

000288 – Le Christ, symbole du soi. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 36-71). ( § 68 – 126) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 51-184), (§ 68-126)

Revue critique des Ecritures et des textes gnostiques pour analyser l’archétype du soi tel qu’il est exprimé dans l’image du Christ, y compris leur opposé respectif : l’ombre et l’Antéchrist. Le Christ est considéré comme un symbole de l’image archétypique de Dieu dont la descente aux enfers et la résurrection ont leur équivalent psychologique dans l’intégration de l’inconscient collectif qui joue une part essentielle dans le processus d’individuation. Néanmoins, tandis que l’image originale du Dieu chrétien semble avoir inclus jusqu’à la face sombre et animale de l’homme, le symbole du Christ manque de complétude à cause de l’exclusion de cet aspect « inférieur » de la personnalité et de son extériorisation sous la forme de l’Antéchrist. Le Christ est donc un symbole incomplet du soi ; pour être complet, l’archétype doit aussi bien exprimer le mal que le bien, le conscient et l’inconscient. On remarque que dans un texte chrétien gnostique pré-manichéen, daté de 150 ans environ après J-C, on reconnaissait l’égalité entre le bien et le mal et la création dans son ensemble était en fait considérée comme une structure de paires d’opposés (de syzygies). Un schéma de la nature transcendante du Christ et du soi est basé sur un quaternio composé de paires d’opposés ; il est applicable à l’un comme à l’autre et un quaternio similaire illustre l’unité/opposition du bien et du mal, du spirituel et du matériel. On trouve d’autres analogies, dans les textes alchimiques et dans la théorie psychologique, avec cette structure du symbolisme chrétien, en particulier au regard de l’impureté du corps opposée à la pureté de l’esprit. On insiste, à propos de l’étude de la figure du Christ, sur la distinction entre les perspectives métaphysique et psychologique. La visée psychologique est phénoménologique ; elle s’occupe de la description et de l’analyse des images archétypiques et non de leur adéquation ou inadéquation quant à l’expression de la foi religieuse. C’est dans un sens psychologique que le Christ et le symbole alchimique de la pierre philosophale peuvent être considérés comme des expressions symboliques de l’idéal de totalité du soi ; le concept chrétien de rédemption n’est pas dévalué par ce rapprochement, mais plutôt renforcé en tant qu’expression de l’impératif psychologique de la réunion des opposés. On pense que si ce processus n’est pas mené à bien par l’individu et par l’ensemble de la civilisation, il s’ensuivra inévitablement un conflit mondial. 31 références.

000289 – Le signe du poisson. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 72-94). ( § 127 – 149) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 85-107), (§ 127-149)

Revue des similitudes entre les symbolismes astrologiques et chrétien ; attention particulière donnée à l’évolution historique de la dyade symbolique des poissons. Le symbole du poisson est largement répandu à travers les mythologies et les religions des civilisations anciennes, particulièrement au Proche et Moyen– Orient ; cependant, la soudaineté de son activation dans la protohistoire chrétienne puiserait plus spécifiquement sa source dans le symbolisme astro-logique. Le Christ est né sous le signe des poissons avec le soleil en gémeaux ; la nature double de ces deux symboles est commentée en fonction du mythe gnostique du Christ/Antéchrist. D’autres points significatifs de la chronologie astrologique sont analysés dans leurs rapports avec le mouvement chrétien. On s’aperçoit en particulier que les dates de conjonction des planètes opposées et les évènements associés à de nouveaux cycles correspondent à la fondation de nouveaux ordres religieux dont l’influence est historique. Ces nouveaux mouvements religieux sont également analysés au regard des impulsions psychologiques sous-tendant leurs croyances ; le mouvement monastique du Saint Esprit dirigé par Joachim, par exemple, serait une expression de l’archétype vivifiant de l’esprit. Ce mouvement a influencé quelques-unes des plus grandes théories religieuses et scientifiques, mais fut par ailleurs dégradé et faussé par les révolutionnaires et les anarchistes de la mouvance antichrétienne. Résumé de l’analyse du symbolisme du poisson et mise en relation avec le changement de perspective commençant à la Renaissance. Astrologiquement, tandis que l’ère des poissons est commandée par le conflit entre forces opposées, le suivant, celui du verseau, réalise l’union de ces opposés. Le premier poisson est le Christ, le se-cond est l’Antéchrist, et leur jonction s’est réalisé au moment de la Renaissance ; on estime que ce contact entre opposés (énantiodromie) a formé l’esprit de l’ère moderne. L’ère d’unification du verseau est encore à venir au cours du troisième millénaire. 24 références.

000290 – Les prophéties de Nostradamus. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 95-102), ( § 150 -161) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 108-115), (§ 150-161)

Les prophéties faites par Nostradamus en 1558 sont analysées en fonction de la justesse en général des prédictions astrologiques concernant les évènements historiques et religieux. Nostradamus a fixé le renouvellement de l’ère en 1792 qui était en fait l’année de l’introduction du nouveau calendrier révolutionnaire français. La Révolution française est considérée comme l’apogée de l’énantiodromie (rencontre des forces opposées) spirituelle et sociale commencée à la Renaissance, parallèlement à la relation dynamique entre le Christ et l’Antéchrist et entre les deux poissons du symbolisme astrologique. Le fait que Nostradamus fasse venir du nord les forces du mal alors que celles du bien sont au sud, est associé au symbolisme des premiers textes chrétiens et au fait que Luther, considéré communément comme l’Antéchrist, venait du nord. Par ses prédictions concernant la révolution et la réforme, Nostradamus est considéré comme le principal porte-parole de l’ère antichrétienne. Une référence.

000291 – La signification historique du poisson. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 103-117). (§ 162 – 180) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 116-130), (§ 162-180)

L’histoire des symboles astrologiques des poissons et du bélier est comparée et analysée en fonction des données psychologiques. Le symbole du poisson en particulier correspond à la nature double du Christ en tant qu’image de Dieu ; étant donné que celle-ci est un archétype de la dualité du soi, tout déséquilibre dans son expression, par exemple la suppression de l’idée du mal au cours du christianisme tardif, fait naître un profond malaise dans la psyché. La destruction de l’image de Dieu dans le monde moderne a ainsi activé la destruction de la personnalité humaine. Comparaison entre les interprétations chrétienne et astrologique des poissons. Etant donné que dans la légende astrologique, un poisson devient deux comme dans la relation mère/enfant, les poissons de l’astrologie sont considérés comme étant le Christ et la Vierge Mère. Dans le mythe astrologique, la mère représente un danger pour son fils ; cette inter-prétation négative est rattachée aux dangers encourus par le Christ durant sa propre enfance et aux autres symboles et paraboles chrétiens. Les caractéristiques astrologiques du poisson sont estimées contenir les éléments essentiels du mythe chrétien ; cependant, on ne peut prouver que le symbolisme chrétien du poisson provienne du zodiac, ni que le dualisme des poissons soit à l’origine de la polarité Christ/Antéchrist. Un prototype plus vraisemblable de la structure du symbole Christ/poisson serait à rechercher dans les cultes et les mythes païens. 8 références.

000292 – L’ambivalence du symbole du poisson. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 118-125). (§181 – 192) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 131-139), (§ 181-192)

Correspondances entre la structure psychique et le symbole binaire du poisson dans les traditions astrologique et chrétienne. La dissociation du monstre qui oppose, dans la tradition primitive juive, Dieu à deux monstres : Léviathan et Béhémoth, est comparée au dédoublement de l’ombre dans les rêves ; on explique que dans les deux cas, l’une des forces en conflit – l’image de Dieu ou la personnalité du moi conscient – étant alors incomplète, elle rend nécessaire l’apparition du symbole double du poisson dans le symbolisme du Moyen-Orient comme il a été explicitement le symbole de l’âme dans la mythologie égyptienne. Un autre symbole binaire, retrouvé dans les textes arabes, babyloniens et mithriaques, apparaît dans la vision de Dieu chez Ezéchiel : celui du nord comme source du mal mais aussi lieu des naissances divines. Cette coïncidence symbolique des opposés, ainsi que le dualisme similaire du poisson et des autres symboles, est rapprochée de la séparation radicale incongrue faite par le christianisme tardif, entre Dieu et le ma ; le symbolisme paradoxal de l’alchimie est considérée comme une compensation plus ou moins consciente de ce déséquilibre dans l’expression de l’image archétypique de Dieu. Quatre références.

000293 – Le poisson en alchimie. 1. La Méduse. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 126-137). (§193 – 212) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 140-152), (§193-212)

Commentaires sur les associations du poisson en alchimie et dans le symbolisme chrétien et psychologique. Dans les textes alchimiques antérieurs au IIème siècle, le poisson est assimilé au lapis philosophorum,, considéré psycholo-gi-quement comme un symbole complexe du soi. On trouve de nombreuses références au poisson consumé par un double feu intérieur, repré-sentant en même temps la lumière de la grâce et le feu de l’enfer. Ce type de dualité était courant dans le symbolisme médiéval qui n’était cependant apparemment pas conscient de l’unité dynamique des forces opposées impliquées dans cette nature duelle. Une analyse du réseau complexe des symboles archétypiques en alchimie, révèle son intime relation avec la structure de la psyché ; en particulier, on considère que l’unité de l’enfer et de Dieu comme source du monde est parallèle à la source unifiée de toutes les diverses opérations psychiques, destructrices ou créatrices

000294 – Le poisson en alchimie. 2. Le poisson. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 137-145). (§ 213 – 224) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 152-160), (§ 213-224)

Distinction entre la méduse du symbolisme médiéval et le poisson cinédien en relation avec le lapis. Examen de nombreux textes relatifs à la nature du poisson, discussion sur l’influence des écrits de Pline et mention du rôle messianique attribué à sir Georges Ripley. Pour les alchimistes, le poisson était réellement un poisson des temps anciens ; il était pourvu de membres et contenait une pierre de dragon, une gemme blanche qui faisait office de talisman. On insiste sur sa double nature ; il était parfois blanc, parfois noir, et son pouvoir magique découlait de l’union de ces opposés. Ce poisson était censé vivre au milieu de l’océan, ou au centre de l’esprit du monde. Pour les alchimistes, l’océan représentait le symbole de l’inconscient, et le poisson peut ainsi être considéré comme un symbole du soi et donc de Dieu. Le poisson a le pouvoir de donner la science de toutes choses à celui qui le mange. En ce sens, il est comparé à l’eucharistie. Deux références.

000295 – Le poisson en alchimie. 3. Le poisson, symbole des Cathares. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 145-153). ( § 225 – 238) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 160-169), (§225-238)

Dans les textes cathares, le symbole du poisson était utilisé en relation avec les croyances relatives à la création, au pouvoir et au mal. Analyse de ces croyances et mise en relation avec les interprétations astrologiques, alchimiques et chrétiennes concernant le poisson. On considère ces interprétations comme des images de la naissance de la conscience sous l’égide du poisson. Comparaison entre la façon dont St Augustin interprétait la multiplication des pains et des poissons et la perception qu’avaient les cathares du poisson ; le premier inter-prétait les poissons comme symboles du pouvoir royal et sacerdotal du Christ, tandis que les cathares y voyaient les pouvoirs décisionnels du Christ et du mal. Cela signifiait également pour les cathares que Dieu connaissait et voulait l’énantiodromie du monde. La réapparition du symbole du poisson dans les rêves, mis en évidence par l’étude d’un cas, illustre le « savoir » inconscient du processus d’individuation et de son symbolisme historique.

000296 – L’interprétation alchimique du poisson. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 154-172). (§239 – 266) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 170-189), (§ 239-266)

La croyance alchimique en la capture du poisson magique et de son utilisation comme attraction magnétique de la prima materia est considérée comme une doctrine secrète plutôt que comme un processus chimique. Dans la mesure où cette doctrine pouvait être enseignée, les symboles alchimiques du processus représentaient deux choses : la substance chimique elle-même et la doctrine ou théorie de la préparation. Commentaires sur les analogies avec l’arché-type du St Esprit. On déduit, d’après les écrits de l’alchimiste Dorn, que la substance de l’arcane restait la même, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur du chercheur ; ce qui permet de conclure que Dorn admettait la connaissance de soi comme source de tout autre savoir. La discussion se poursuit sur la connaissance limitée que l’homme a de lui-même : ceci s’explique en montrant que la majorité des processus humains résident dans l’inconscient. Mention de l’importance des découvertes de Freud et d’Adler en ce domaine. Il semble que Freud en ait tracé les grandes lignes et qu’Adler ait montré la preuve finale de ces causes inconscientes représentant le potentiel individuel de chacun. Comme il ressort de ces études, pour les alchimistes et les psychologues modernes, le soi ne fait pas partie du moi mais de l’inconscient. On attribue ainsi à l’alchimie le fondement de la pensée scientifique moderne.

000297 -Fondement de la psychologie du symbolisme alchimique chrétien. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 173-183). ( § 267 – 286) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 190-201), (§ 267-286)

Le fossé grandissant entre la foi et le savoir est analysé et mis en relation avec la réticence de l’homme moderne à accepter quoique ce soit qui ne soit pas objectif. L’accent scientifique mis sur l’objectivité et le peu de cas accordé jusqu’à ces derniers temps à la psyché contrastent avec la reconnaissance gnostique et alchimique de l’importance de la psyché et du savoir expérimental. L’homme moderne se moque d’un dogme subjectif basé sur la foi. On fait observer qu’il y a encore peu, la majorité du monde était païenne et que la chrétienté n’a plus beaucoup de pouvoir dans la mesure où l’homme moderne n’accepte plus, aussi aisément que ne le faisait l’homme au temps du Christ, des idées telles que la naissance virginale. On explique le danger inhérent à la destruction des traditions et des mythes et on insiste sur son importance ; les mythes faisant partie de l’inconscient, ils font office de pont entre le conscient et l’inconscient. Le Christ, en tant que mélange de Dieu et des archétypes de l’homme, fait partie de ce pont. Le symbole du poisson soutient l’importance du dogme et de l’expérience subjective ou agit comme un antidote aux tendances séparatrices de l’esprit moderne. On estime que le concept psychologique de la totalité humaine, ou individuation, remplace aujourd’hui le symbole du poisson. Une référence.

000298 – Les symboles gnostiques du soi. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 184-221). ( § 287 – 346) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 202-241), (§ 287-346)

L’idée du poisson attrapé par magnétisme est élargie à l’image du Christ qui exerce une attraction magnétique sur la nature divine de l’homme. Trois symboles de l’agent magnétique – l’eau, le serpent et le Logos – que l’on trouve dans les textes gnostiques sont considérés comme des symboles d’assimi-lation correspondant au but ultime du processus psychothérapeutique : l’assimilation du moi au soi supra ordonné (individua-tion), On rapproche ce processus d’individuation aux pratiques des gnostiques et des alchimistes qui exprimaient, par ce biais et en fonction de l’esprit de leur temps, leur connaissance de l’inconscient. C’est ainsi que Maître Eckhart substitue les transformations de la conscience humaine à l’image de Dieu étant donné que Dieu représentait pour lui la totalité idéale de l’homme. L’inconscient était exprimé par les gnostiques au moyen des symboles du terreau universel comme origine ou source de la perfection. On compare les symboles oniriques et les visions au symbolisme sexuel que les gnostiques associaient au Christ ; on rappelle l’interprétation de la vision de Jean (Jean 3 : 12) : elle englobe les symboles oniriques typiques de la montagne, du Christ, de la femme et du rapport sexuel. Le quaternio et l’image de l’homme parfait dans le symbolisme des Naassènes apparaissent parallèlement au symbolisme des premiers âges du christianisme ; tous deux sont étroitement liés aux réalités psychiques. On trouve au deuxième siècle, et sous l’influence de la pensée chrétienne, deux exemples spécifiques de la façon dont on formulait la nature psychologique du soi : la conception de l’homme parfait et complet, la monade chez Monoimos, et la description par Plotin de l’âme comme processus dynamique centripète autour d’un centre. Cette dernière conception se rapproche de la structure similaire de l’image du mandala et de l’image alchimique de l’arcane comme point invisible au centre de toutes choses. L’assimilation du Christ à des symboles tels la semence de moutarde ou le trésor caché, n’est pas considérée comme une dévaluation de la personnalité du Christ, mais comme l’intégration souhaitable de celui-ci dans la psyché humaine en vue de l’élargissement de la personnalité et de la conscience. On estime que l’unilatéralité du rationalisme du monde moderne menace cette intégration. 10 références.

000299 – Structure et dynamique du soi. (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 222-265). ( § 347 – 421) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 242-285), (§347-421)

Exposé d’une série de quaternios, progressivement et régressivement aménagés, afin de démontrer comment les religions et philosophies variées ont adapté des symboles similaires. Historique de l’importance attachée à la connaissance de soi : les gnostiques ont été parmi les premiers chercheurs dans ce domaine et donc les premiers psychologues. En cette qualité, ils ont été non seulement les pionniers de la théorie psychologique mais également des théories évolutionnistes de la physiologie moderne. Les symboles utilisés pour représenter la connaissance de soi ont varié, mais comme l’a fait remarquer Freud, le phallus prend de l’importance symbolique au fur et à mesure que la sexualité est dépréciée. Analyse, entre autres, du serpent et des symboles du paradis dans leur relation à la structure du soi et à l’organisation circulaire et quaternaire des symboles ; les principaux quaternios sont ceux de l’anthropos et de l’ombre et un autre quaternio est formé par l’union des quatre éléments pour former le lapis alchimique. Liste des agencements symboliques nombreux et variés utilisés par les alchimistes : le quaternio, la pyramide, la double pyramide, l’ouroboros, et enfin le rotundum. La beauté de ces expressions géométriques prouve graphi-quement l’harmonie de toute existence. 13 références.

000300 -. Recherche sur la phénoménologie du soi (1951)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.9, 2ème partie, 2nd ed., Princeton University Press, 1968, 333 p (p. 266-269). (§422-429) & Jung, AÏON, Albin Michel, Paris, 1983, 334 p., (p. 286-290), (§422-429)

Rappel et résumé du propos de cet ouvrage : l’étude de l’archétype du soi. Une vue d’ensemble montre que l’ouvrage commence par l’analyse des archétypes qui touchent particulièrement au soi, c’est-à-dire l’ombre, l’anima et l’animus ; suit une analyse des aspects positifs et négatifs de ces archétypes. On conclut à la relativité du bien et du mal ; ils n’ont de sens que sous l’angle humain. Le soi est défini comme le résultat de l’union de ces opposés et il représente la totalité psychique. Cette unité est représentée dans la religion par l’image de Dieu. Les gnostiques, guidés par leur propre expérience naturelle intérieure, ont été parmi les premiers à rechercher systéma-tiquement les symboles du soi.

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