Jung et l’élan créateur est le produit d’une co-édition entre les éditions Esperluète et les éditions L’Arbre Soleil.
« À la fin de la légende égyptienne d’Isis et d’Osiris, on emprisonne Seth, qui a arraché un œil à Horus, l’a abandonné en plein désert. Sous l’impulsion d’Osiris, il faut juger Seth. On le mène donc, enchaîné, devant le tribunal des dieux. Osiris veut sa mise à mort. Seth – c’est bien sûr la racine de Satan –, pour les Égyptiens, c’est le maître de tous les désordres. Et là, Rê, qui préside le tribunal, dit : “On ne peut pas le mettre à mort, même s’il a fait du tort à toi et à ton fils. — Et pourquoi?, demande Osiris — Parce que Seth est le seul qui a le courage de se tenir à la proue de la barque des millions d’années pour faire face au néant.” Cela m’a travaillé tout au long de nos échanges : pourquoi l’Adversaire, le maître des désordres, est-il le seul qui peut se tenir devant le néant ? Là, on parle de création, mais est-ce que cela veut dire aussi que c’est le désordre de nous-mêmes, ou le fracas, l’enfer de nos vies, qui nous permet de faire face au néant ? Et comment répondre à cela ? »
Ce sont les mots que nous adressa Guy Corneau à la fin de cette rencontre dont il avait proposé le thème et qui contient l’expression de son âme. Son départ brutal le 5 janvier 2017 nous a tous comme foudroyés et meurtris.
La particularité des Colloques de Bruxelles est de réunir à huis clos des chercheurs de renommée internationale autour d’un thème qui interroge notre monde. En s’appuyant sur l’œuvre de Carl Gustav Jung, source d’une richesse et d’une créativité inépuisables, chaque participant s’est révélé à travers sa communication et les échanges qui se sont ensuivis ; tous mettant en évidence l’impérieuse, voire vitale, nécessité de répondre à l’élan créateur présent en chacun de nous.