Volume 17
000594 Conflits de l’âme enfantine. (1916)
In Jung, Collected Works (p.1-35), (§1-79), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Buchet Chastel, Paris 1963, (p.119-177)
Des observations sur la curiosité d’une enfant de 4 ans à propos des faits de la vie sont à la base d’une discussion sur le développement de la sexualité chez les enfants. Bien qu’une explication scientifique du mécanisme de la naissance ait été présentée à l’enfant, elle préféra ses propres fantasmes qui impliquaient l’usage de la sublimation, de la compensation, du raisonnement logique et de la création de mythe. Pour expliquer cette préférence pour le fantasme, on suppose que la présentation scientifique restreignait le développement de la fonction pensée, alors que les fantasmes la stimulaient. L’interprétation freudienne de la sexualité infantile comme “ sexualité ” pure et simple est présentée et discutée. Pour remplacer la théorie freudienne du “ pervers polymorphe ”, une théorie d’une disposition “ polyvalente ” est proposée pour expliquer l’origine de la fonction pensée : d’après la façon de voir freudienne, la fonction pensée se développe à partir de la curiosité sexuelle, d’après la théorie de la disposition polyvalente, le développement de la fonction pensée coïncide avec la curiosité sexuelle. Réduire l’origine de la pensée à la simple sexualité est considéré comme antithétique aux données de base de la psychologie humaine. 3 références.
000595 -Introduction au livre de Mme Wickes : “ Le monde intérieur de l’enfance ”/ Introduction au livre de Mme Wickes : “ Analyse der Kinderseele ”. (1931)
In Jung, Collected Works (p.37-46), (§80-97), & Jung, Préface, in LE MONDE INTÉRIEUR DE L’ENFANCE, Ed du Dauphin, Paris, (p.13-19)
On recommande l’étude de l’ouvrage de Mme Wickes “ Le monde intérieur de l’enfance ” comme un adjuvant à la compréhension des effets de l’inconscient parental sur le développement psychique des enfants. Les difficultés de l’éducation des enfants, présentées schématiquement dans l’introduction, sont examinées à la lumière de la thèse selon laquelle les parties non abordées de la psyché inconsciente des parents peuvent causer des désordres psychiques chez leurs enfants. Pour traiter ce problème, on invite vivement les parents à développer une profonde connaissance de soi. L’inconscient collectif est également vu comme un facteur important de la psyché des enfants préalablement au développement de la conscience du moi ; les rêves des très jeunes enfants sont fortement influencés par le symbolisme mythologique et mettent en évidence le contenu pérenne existant dans l’âme humaine et transmis de génération en génération. Après le développement de la conscience du moi, une petite partie de cet inconscient collectif subsiste et est considéré comme le mystérieux spiritus rector de nos actes les plus marquants et de notre destin individuel.
000596 -Développement et éducation de l’enfant. (1923)
In Jung, Collected Works (p.47-62), (§98-126)
Une brève histoire de la psychologie analytique est donnée comme base dans l’examen du rôle de l’école dans le développement de la psyché. Une analyse de la différence entre la psychanalyse freudienne et la psychologie analytique montre que la première reconnaît seulement l’instinct sexuel comme cause des désordres nerveux, tandis que la seconde soutient que d’autres facteurs, incluant l’inconscient parental, jouent des rôles importants dans le développement de la personnalité normale aussi bien qu’anormale. En appliquant la loi biogénétique disant que dans le développement de la psyché, l’ontogenèse, récapitule la phylogenèse, quatre stades sont notés : inconscience animale, identification avec la famille, intelligence primitive, et finalement conscience individuelle civilisée. La conscience individuelle qui se développe entre 3 et 5 ans, quand l’enfant saisi pour la première fois la signification du “ je ”, n’acquiert un degré significatif d’indépendance par rapport à l’instinct et à l’environnement qu’à la fin de la puberté. En conséquence, l’influence de l’inconscient parental sur l’inconscient de l’enfant et l’identification de l’enfant avec la famille dure tout le long des premières années d’école. Les écoles remplissent donc une importante fonction psychologique en ce qu’elles assistent l’enfant dans sa libération par rapport à l’identification inconsciente avec la famille et lui permettent ainsi de devenir proprement conscient de lui-même. Puisque ce genre d’éducation est fondamentalement psychologique, elle est transmise pour une large part à travers l’expérience du maître qui doit présenter à l’enfant un modèle de comportement sain. Exerçant cette influence dans le développement de la psyché de l’enfant, il est vivement conseillé aux maîtres d’acquérir une compréhension de soi plus profonde en utilisant les méthodes d’analyse des rêves. 1 référence.
000597 Psychologie analytique et éducation, première conférence. (1926)
In Jung, Collected Works (p.63-80)., (§127-155), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Buchet Chastel, Paris 1963, (p.11-34)
Une brève description des grandes lignes du développement de la psychologie est présentée et énumération de ses principales réalisations – analyse des rêves, découverte de l’inconscient et rôle de l’inconscient dans les désordres mentaux–. Une connaissance de la psychologie analytique et de l’analyse des rêves est recommandée aux éducateurs qui souhaitent comprendre leurs élèves. Puisque les découvertes de la psychologie anormale éclaire le comportement normal, cinq études de cas d’enfants perturbés sont utilisées pour illustrer les cinq groupes principaux de troubles psychiques : enfants arriérés, enfants psychopathes, enfants épileptiques, et les différentes sortes d’enfants névrotiques et psychotiques. De plus, parce que l’analyse des enfants est difficile, les éducateurs sont vivement incités à considérer de façon symbolique et non littérale des élaborations telles que le complexe d’Œdipe et à rejeter la théorie freudienne disant que la relation entre parents et enfants est principalement de nature sexuelle. Au lieu de considérer l’attirance sexuelle de l’enfant pour ses parents comme un facteur causal primaire de névrose, on pense que le matériel refoulé dans l’inconscient des parents provoque chez ceux-ci des névroses qui à leur tour se propagent dans l’inconscient de l’enfant. Les états névrotiques passent donc de génération en génération par contagion. Il est proposé qu’on remédie à cette situation en faisant en sorte que les parents se confrontent volontairement au matériel refoulé dans leur propre inconscient. 4 références.
000598 Psychologie analytique et éducation, deuxième conférence.(1924)
In Jung, Collected Works (p.81-107), (§156-198), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Buchet Chastel, Paris 1963, (p.35-77)
Les hypothèses psychologiques de Freud et d’Adler sont analysées et comparées avec les méthodes, buts et motivations de la psychologie analytique. La théorie de Freud, basée sur les ramifications de l’instinct sexuel dans la psyché humaine et les concepts d’Adler de préservation de soi sont toutes les deux rejetées en tant qu’explication des causes dernières du comportement humain, car de telles hypothèses unilatérales ignorent les complexités. Les différences entre les con-cepts jungiens et freudiens du développement psychique sont illustrées par la référence à la religion et aux relations parents/enfants. La psychologie scientifique est alors examinée et considérée comme étant à la fois une science de l’homme et de la nature en raison de son objet et de sa méthodologie. Son rôle parmi les sciences est d’explorer l’outil même de l’investigation. En réponse aux critiques qui soutiennent qu’à cause de la nature arbitraire du moi, le sujet, matière de la psychologie est au-delà de l’étude scientifique, on objecte que la psyché, liée au conscient, est préexistante et transcendante. L’attention est portée sur le but de la psychologie analytique : comprendre la vie telle qu’elle apparaît dans l’âme humaine, pour pouvoir aider l’individu à adapter son comportement aux demandes de la vie extérieure et à celles de son être propre. Pour atteindre ce but, les méthodes d’investigation que sont l’association, l’analyse du symptôme, l’anamnèse analytique et l’analyse de l’inconscient, sont proposées comme des moyens de sonder l’inconnu du patient. Les deux premières métho-des sont seulement brièvement décrites, tandis que les deux suivantes sont présentées en détail et illustrées de plusieurs exemples. 10 références
000599 Psychologie analytique et éducation, troisième conférence. (1924)
In Jung, Collected Works (p.108-132), (§199-229), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Buchet Chastel, Paris 1963, (p.78-117)
Les théories concernant les causes de névroses sont examinées en faisant la distinction entre répression et refoulement. La tendance à expliquer chaque névrose en termes de refoulement de la sexualité enfantine est rejetée parce qu’elle néglige la volonté de l’individu de réprimer un savoir et des expériences discordantes et qu’elle interprète la névrose en fonction de causes antérieures ou de conditions culturelles présentes. En conséquence, au lieu d’une approche freudienne doctrinale de la psychothérapie, il est proposé que chaque cas soit traité en accord avec ses particularités propres. Pour justifier cette dernière approche, présentation de quatre cas, dont deux s’opposent en miroir. Des éclaircissements supplémentaires sur les causes de la névrose sont tirées d’une analyse de la structure de l’inconscient. On soutient la théorie selon laquelle l’inconscient est formé de deux parties : le personnel et le collectif, le contenu de l’inconscient personnel étant formé de tout ce qui a été oublié ou réprimé par l’individu, consciemment ou inconsciemment. Celui de l’inconscient collectif consiste dans les traces mnésiques des activités psychiques qui furent répétées d’innombrables fois dans l’esprit de nos ancêtres. Bien que ni le conscient, ni l’inconscient personnel ne sont habituellement au fait de l’existence de l’incons-cient collectif, des contenus de cet inconscient collectif surgiront occasion-nellement dans l’inconscient personnel à travers un rêve dont le contenu et la signification mythologiques dépassent l’horizon intellectuel de l’individu.
000600 L’enfant doué. (1942)
In Jung, Collected Works (p.133-145), (§230-252), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Buchet Chastel, Paris 1963, (p.241-259)
Discussion sur l’éducation et les meilleurs moyens de développement de la psyché de l’enfant doué. Le fait que les écoles négligent trop souvent l’enfant doué, occupées qu’elles sont à éduquer les plus lents, n’est pas considéré comme nuisible aux plus doués puisque le génie, contrairement au talent ne peut être ni freiné ni aidé. Par contre le regroupement des écoliers en fonction de leurs dons est considéré comme peu favorable à l’enfant doué, étant donné que le don du génie dans le domaine intellectuel est souvent compensé par une infériorité dans un autre domaine. Un tel regroupement produirait des sujets unilatéraux et priverait l’enfant doué des effets bénéfiques ressentis par le fait d’observer que des enfants moyens sont meilleurs que lui dans certains domaines. Le déve-loppement de la psyché de l’enfant est plus influencé par la chaleur et l’exemple personnel d’un maître particulier que par le cursus scolaire. A l’intérieur du cursus, les humanités sont plus recommandées que les sciences pour le déve-loppement de l’enfant car on pense qu’elles inculquent le sens de la filiation culturelle et qu’elles forment un pont entre le passé et le futur.
000601 La signification de l’inconscient dans l’éducation individuelle. (1925)
In Jung, Collected Works (p.147-164), (§253-283)
Trois types d’éducation sont présentés, et l’analyse des rêves est discutée en tant qu’aide à l’éducation individuelle. Le premier des trois types, l’éducation par l’exemple, est considéré comme la base de toute éducation, tirant sa force du phénomène de l’identification psychique. Le second type, l’éducation collective, est fondé sur des principes, des méthodes et des règles et son but est de réprimer les pulsions destructrices et antisociales chez l’homme. Si les élèves résistent à l’éducation collective à cause d’attitudes acquises à la maison qui les rendent inadaptés à ce type d’éducation, le troisième type, l’éducation individuelle, est requise. C’est là que l’analyse des rêves est recommandée : puisque la conscience de l’enfant se développe à partir de l’état inconscient, on peut comprendre que les influences précoces de l’environnement restent souvent à demeure dans l’inconscient sans être modifiées par l’éducation collective. Les rêves étant le produit de l’activité psychique inconsciente, l’analyse des rêves est vue comme un moyen d’amener à la lumière de la conscience le contenu caché de l’inconscient qui doit être modifié. Pour illustrer les bénéfices thérapeutiques pouvant être tirés de l’analyse des rêves, une analyse de cas est rapportée, présentant l’analyse de deux rêves.
000602 Le développement de la personnalité. (1932)
In Jung, Collected Works (p.165-186), (§284-323), & Jung, PROBLÈME DE L’ÂME MODERNE, Buchet Chastel, Paris 1960, (p.245-270)
On examine et discute l’origine, le développement, le but et les composantes de la personnalité. La personnalité, définie comme l’individualisation de la psyché objective partagée par tous les hommes, est développée en se conformant à la loi personnelle de l’être propre de l’individu. Cette loi personnelle peut être comparée à une vocation ou à une voix intérieure qui appelle la personne hors de la vie groupale vers la vie individuelle. Seul l’homme qui peut de façon consciente acquiescer à la puissance de cette voix intérieure devient une personnalité. Bien que le terme de “ voix intérieure ” soit utilisé au figuré, il veut représenter un puissant facteur psychique ayant une existence objective. L’appel de cette voix intérieure n’est pas vu comme entièrement plaisant : on y trouve à la fois un grand mal et un grand bien. Les aspects négatifs de cette force sont illustrés en référence à ce que dit l’Evangile de la tentation du Christ par le diable. Les mythes qui présentent les forces menaçantes entourant la naissance et la vie du héros sont vus comme l’expression de la conscience des dangers liés à l’accession à la personnalité. Cependant, le fait de ne pas obéir à la loi intérieure de son être propre condamne la personne à ignorer le sens de sa propre vie. Dans la philosophie chinoise classique, cette loi psychique est exprimée par le concept du “ tao ”, un chemin intérieur comparé à l’écoulement de l’eau et considéré comme la source de l’accomplissement. En conclusion, en raison de la ressem-blance entre le tao et l’état psychique résultant de l’individuation, la personnalité peut être définie comme le tao. 1 référence.
000603 Le mariage comme relation psychologique. (1925)
In Jung, Collected Works (p.187-201), (§324-345), & Jung, PROBLÈME DE L’ÂME MODERNE, Buchet Chastel, Paris 1960, (p.301-317)
On discute l’effet du développement psychologique qui se produit au milieu de la vie chez les partenaires d’un couple et on analyse le changement qui en résulte dans la relation conjugale. Avant cette période, la relation conjugale est gouvernée par les impératifs biologiques. Au milieu de la vie, la force de ces impératifs diminuent et les partenaires sont libres de devenir eux-mêmes. Cette transformation influe sur la relation psychologique du mariage puisque les rôles que les partenaires ont joués sont modifiés. On considère vraisemblable que les frictions conjugales se développent pendant ce processus de transformation car la confusion qui accompagne la croissance engendre des sentiments de perte d’unité et de frustration. Si la cause réelle de la difficulté n’est pas reconnue, chacun des partenaires peut tenir l’autre pour responsable de cette frustration. En outre les besoins différents de chaque partenaires compliquent cette période de croissance. On explique en détail ce changement de besoins et on observe qu’habituellement une femme se sent totalement contenue spirituellement dans son mari et que un homme se sent entièrement contenu émotionnellement dans sa femme. 2 références.