08. Structure et dynamiques de la psyché

Volume 8

000185 – Sur l’énergie psychique. I. Remarques générales sur la conception énergétiste en psychologie. a. Introduction. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. p. (p. 3-6), (§1-5), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.19-22)

Introduction à un nouvel examen du concept de libido selon l’auteur. On reconnaît généralement que les évènements physiques peuvent être appréhendés d’un point de vue soit mécaniciste soit énergétique. Le point de vue mécaniciste est purement causal et s’occupe de la substance en mouvement, le point de vue énergétique, pour sa part, est finaliste : il ne s’appuie pas sur les substances en elles-mêmes mais sur les relations entre leur mouvement. Une troisième conception, qui est un compromis entre ces deux approches, donne lieu à plusieurs théories hybrides mais présente un tableau relativement fidèle de la réalité. On rappelle en conclusion que les principes explicatifs ne sont que des points de vue qui dépendent moins du comportement objectif des choses que de l’attitude psychologique du chercheur et du penseur.

000186 – Sur l’énergie psychique. I. Remarques générales sur la conception énergétiste en psychologie. b. La possibilité de mesures quantitatives en psychologie. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 6-14), (§6-25), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.22-31)

Discussion sur la possibilité d’appliquer à la mesure de l’énergie psychique les principes de la mesure de l’énergie physique. Bien que les points de vue : causaliste/mécaniciste et finaliste/énergétiste soient tous deux nécessaires pour expliquer les évènements psychiques, la décision d’utiliser l’une ou l’autre approche est déterminée par l’efficacité, c à d l’obtention de résultats. La question de savoir si le point de vue énergétiste est applicable ou non au phénomène psychique est soulevée en même temps que la question de savoir si la psyché peut être considérée comme un système relativement clos. Bien que ces questions soient sujettes à controverses, on y répond par l’affirmative. Afin d’appliquer le point de vue énergétique à la psychologie, on admet qu’une certaine quantité d’énergie psychique est disponible. Cette position se fonde sur la théorie selon laquelle la psyché possède effectivement un système d’évaluation extraordinairement bien développé, à savoir le système des valeurs psychologiques. Présentation d’un point de départ objectif, les complexes, pour estimer la valeur comparative des intensités : ils sont définis comme des constellations d’éléments psychiques groupés autour de contenus à tonalité affective, ou complexes. Ceux-ci consistent en un élément central constellant un grand nombre d’associations secondaires. L’estimation objective de la valeur comparative des intensités est fondée sur l’affirmation que le pouvoir constellant de l’élément central correspond à son intensité, c à d à son énergie. On fournit trois méthodes expérimentales pour mesurer la valeur énergétique de ce pouvoir constellant. En outre, on note qu’un système subjectif, hautement différencié pour la reconnaissance et l’évaluation des phénomènes affectifs chez autrui, est présent en tout un chacun. 6 références.

000187 – Sur l’énergie psychique. II. Application du point de vue énergétique. a. Le concept psychologique d’énergie, (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 14-18), (§26-33), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.32-36)

Présentation de l’expression « énergie psychique » telle qu’elle apparaît dans les écrits de Schiller, Lipps, von Grot et Stem ; discussion de la définition jungienne de ce concept. On explique qu’il est difficile de préciser ce concept ; cela tient au fait qu’il est impossible de distinguer les processus psychiques des processus biologiques. On émet l’hypothèse qu’il vaut mieux élargir le concept limité d’énergie psychique en concept d’énergie vitale. L’énergie vitale, dont l’énergie psychique représente une partie, est appelée libido. Cette définition élargie favorise l’étude d’un nombre appréciable de relations dont celle du corps et de l’esprit. On conclut que vraisemblablement la psyché et le biologique ne sont pas deux processus parallèles, mais sont fondamentalement reliés par une action réciproque bien que la véritable nature de cette relation soit encore tout à fait hors d’atteinte. 5 références.

000188 – Sur l’énergie psychique. II. Application du point de vue énergétique. b. La conservation de l’énergie. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 18-25), (§34-47), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.36-44)

On affirme la nécessité de tester la possibilité d’appliquer, de façon expérimentale et en la soumettant au principe de la conservation d’énergie, l’approche énergétique à l’évolution de la vie psychique. On note les différences entre les principes d’équivalence et de constance. Le principe d’équivalence que Freud a clairement démontré dans ses recherches sur la transformation d’une quantité donnée de libido en une autre force psychique, suffit aux études expérimentales. Ainsi que le démontrent des exemples, le principe d’équivalence représente une grande valeur heuristique dans le traitement des névroses. L’analogie avec la théorie de l’énergie physique est poursuivie dans une discussion sur les facteurs d’intensité. Ce dernier est défini comme la mesure dynamique de l’énergie toujours présente en tout phénomène. Le point de vue énergétique est également utilisé pour montrer comment le point de vue causal de la psychologie freudienne, c à d le fait de tout ramener aux composantes sexuelles, explique mal l’importante idée de développement final. Ici également, le conflit entre les approches mécaniciste/causaliste et énergétiste/finaliste est évident, bien que toutes deux soient nécessaires pour expliquer l’évolution. On fait appel au processus régressif pour illustrer la différence entre les deux points de vue : ce qui apparaît comme un fait dans la perspective causale est un symbole pour le point de vue finaliste et réciproquement ; tout ce qui est réel et essentiel à l’un est irréel et secondaire pour l’autre. On suggère alors que cette divergence soit résolue par le postulat des opposés, étant donné que la psyché possède ces deux points de vue.

000189 – Sur l’énergie psychique. II. Application du point de vue énergétique. c. Entropie. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 25-28), (§48-51), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.44-48)

Analyse de l’entropie, aussi importante que l’équivalence dans l’application pratique de la théorie de l’énergie à la psychologie. Elle est définie comme le principe de processus partiels qui rendent un système relativement clos. Le principe d’entropie est applicable à l’énergie psychique étant donné que la psyché peut être également considérée comme un système relativement clos dans lequel les transformations d’énergie débouchent sur un équilibre des différences. Des exemples de l’expérience psychologique quotidienne prouvent la constance d’une attitude qui donne lieu à un bien plus grand processus d’égalisation. Comparaison entre les approches énergétiques et quantitative – ou causale – et énumération des dangers inhérents dans la substitution de la première par cette dernière. 1 référence.

000190 – Sur l’énergie psychique. II. Application du point de vue énergétique. d. Energie et dynamisme. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 28-31), (§52-59), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.48-52)

L’analyse des concepts, sur lesquels sont fondées les approches énergétiste et causaliste, mène à la compréhension des différences entre énergétisme et dynamisme. Le dynamisme correspond à l’approche causale/mécanique des évènements psychiques tandis que l’énergétisme correspond à l’approche finaliste/énergétique. La première infère un dynamisme issu de l’effet causal observé, tandis que la seconde observe l’équivalence de l’effet modifié plutôt que l’effet de la cause. Le concept de libido est clarifié et relié à l’approche énergétiste ; on justifie l’emploi de ce terme pour exprimer l’énergie psychique. On fait observer qu’un même processus présente différents aspects selon le point de vue sous lequel il est considéré. 1 référence.

000191 – Sur l’énergie psychique. III.Les concepts fondamentaux de la théorie de la libido. a. Progression et régression. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 32-40), (§60-76), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.53-62)

Définition de la progression et de la régression de la libido ; description de leurs interrelations ; analyse en termes de flot d’énergie. La progression implique la satisfaction constante aux exigences des conditions environnantes. Au cours de la progression, les paires d’attitudes opposées au sein de la psyché sont unifiées dans le flot coordonné des processus psychiques. Dans un conflit, les paires de forces opposées tentent de se refouler l’une l’autre. Si cette répression devient effective, elle bloque la progression de la libido et c’est la régression qui s’installe. Cette opposition consciente sans issue dévalue réciproquement les deux parties et engendre une augmentation de la valeur de tous les processus psychiques qui ne sont pas concernés par l’adaptation et ne sont en conséquence que rarement ou jamais consciemment utilisés. Comme on le voit dans les perturbations du comportement, l’inconscient commence alors à influencer le conscient. Au cours de la régression, des résidus de la vie quotidienne aussi bien que des tendances animales inconvenantes ou répréhensibles montent à la surface. D’emblée, ces éléments semblent indésirables ; cependant ils contiennent les possibilités d’une nouvelle vie car ils peuvent lever le blocage de la libido né de l’échec de l’attitude consciente. La régression alors n’est plus, à proprement parler, une démarche rétrograde mais plutôt une phase nécessaire de l’évolution. Emprunt au mythe du dragon baleine de Frobenius pour illustrer les principes de la progression et de la régression et présentation d’un argument pour défendre le bien fondé de l’utilisation des mythes pour étayer les principes psychologiques. On note que la progression est un constant processus d’adaptation aux conditions environnantes ; par ailleurs, la régression est une adaptation aux conditions du monde intérieur et aux demandes de l’individuation. L’homme n’est susceptible de s’adapter à l’une ou l’autre exigence que lorsqu’il est en harmonie avec les deux. Du point de vue énergétique, la progression et la régression sont des étapes transitoires de l’écoulement d’énergie qui, en autorisant la manifestation du monde intérieur à l’extérieur, permet à l’homme de s’adapter à ses propres conditions.

000192 – Sur l’énergie psychique. III.Les concepts fondamentaux de la théorie de la libido. b. Introversion et extraversion. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 40-41), (§77-78), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.62-63)

Les concepts de progression et régression sont comparés à ceux de l’extraversion et de l’introversion. Bien que ces deux ensemble de concepts puissent être mis en parallèle, ils se distinguent cependant dans la mesure où la progression et la régression n’ont respectivement que de vagues analogies avec l’extraversion et de l’introversion. Le lecteur est invité à se référer aux « Types psychologiques » pour plus ample information.

000193 – Sur l’énergie psychique. III.Les concepts fondamentaux de la théorie de la libido. c. La transformation de la libido. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 41-45), (§79-87), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.63-69)

La canalisation de la libido est définie comme un transfert, d’un contenu à un autre, des intensités psychiques – ou valeurs -, un processus correspondant à la transformation physique d’énergie. Des exemples tirés de coutumes et cérémonies primitives illustrent ce processus. La culture humaine est considérée comme la machine qui pourvoit tant à la canalisation de la libido qu’à l’énergie physique et chimique de l’humanité. Elle est décrite comme les moyens à travers lesquels les instincts sont rendus productifs. La transformation de l’énergie instinctuelle s’effectue à travers sa canalisation vers un équivalent de l’objet de l’instinct. On montre comment une turbine imite une chute d’eau afin de bénéficier de son énergie et on utilise cette comparaison pour expliquer la façon dont le mécanisme psychique imite l’instinct et est ainsi capable d’utiliser l’énergie de celui-ci à des buts spécifiques. L’homme primitif met en œuvre des cérémonies compliquées pour effectuer la canalisation de la libido ; l’homme moderne le fait par un acte de volonté. Par ailleurs, en réussissant à domestiquer l’environnement, l’homme a réussi à relativement maîtriser sa nature intérieure. On fait remarquer qu’il suffit d’un léger traumatisme pour faire revivre les cérémonies magiques de nos ancêtres.

000194 – Sur l’énergie psychique. III.Les concepts fondamentaux de la théorie de la libido. d. Formation du symbole. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 45-61), (§88-113), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.69-87)

La formation du symbole est présentée comme un pont entre les natures instinctuelle et spirituelle de l’homme. Analyse des symboles que l’homme primitif formait à travers une construction analogue ; on estime qu’ils sont un moyen important d’utiliser l’énergie instinctuelle pour un rendement effectif. Etant donné que seule une partie de la masse énergétique globale peut être détournée de son écoulement naturel, la plus grande partie n’est pas utilisée pour la formation du symbole mais s’écoule et soutient le cours régulier de la vie, qui comprend les fonctions instinctuelles et culturelles. La transformation de la libido en symboles est un fait qui remonte aux origines de l’humanité. Les symboles n’étaient (et ne sont) jamais inventés consciemment, mais toujours inconsciemment. Il est plus que probable que la plupart des symboles historiques dérivent directement des rêves ou tout au moins ont été influencés par eux. Cela est évident dans la formation symbolique rencontrée manifestement chez les patients. On considère que les deux forces opposées, nature et esprit, existent simultanément dans la psyché et qu’elles sont responsables de son autorégulation. La nature correspond à la mentalité primitive que Freud nomme la sexualité infantile. On reproche à Freud de ne pas reconnaître que l’instinct est la condition sine qua non de l’énergie psychique. Le conflit contemporain entre la morale et le sexe est analysé comme une lutte pour donner à l’instinct la place qui lui revient dans nos vies en tant que pouvoir créateur. Lors d’un commentaire sur la religion, le concept de Dieu, paradoxalement créateur et juge, est présenté comme l’expression de la profonde vérité psychologique, vérité qui défie la logique : la tension entre les opposés. On estime que la fonction de toutes les religions consiste à proposer un contre-pouvoir à l’instinctivité. L’homme peut généralement, au cours de la première moitié de sa vie, dépenser sa vie à satisfaire les visées biologiques et instinctives. D’autre part, l’homme mûr s’oriente vers la culture car les forces affaiblies de son organisme lui permettent de faire passer ses instincts après les visées culturelles. On observe qu’il manque un guide de conduite pratique pour cette importante transformation de l’énergie, de sa forme biologique à sa forme culturelle. 4 références.

000195 – Sur l’énergie psychique. IV. Le concept primitif de libido. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 61-66), (§114-130), ), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.88-93)

Pour illustrer le concept primitif de la libido, on démontre la relation intime qui existe entre les origines de la formation symbolique et le concept d’énergie. On cite, en exemple de la force créatrice et de sa productivité, les noms que les indiens d’Amérique de Nord, les africains primitifs et les aborigènes d’Australie donnaient aux puissances mystiques ; ces noms représentent le premier état concret de l’idée abstraite d’énergie. Cette incidence presque universelle du concept d’énergie est une expression manifeste du fait, qu’à un niveau primitif de la conscience humaine, l’homme a senti la nécessite de représenter concrètement le dynamisme des évènements psychiques qu’il éprouvait. On conclut en conséquence que le point de vue énergétique en psychologie a des racines archaÏques. 7 références.

000196 – La fonction transcendante. (1916)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 67-91), (§131-193), & Jung, L’AME ET LE SOI, Albin Michel Paris 1990, 285 p. (p.151-178), (§163-224)

La fonction transcendante qui naît de l’union des attitudes consciente et inconsciente est analysée dans le cadre de la pratique psychanalytique. Elle est appelée « transcendante » parce qu’elle rend organiquement possible la transition d’une attitude à l’autre sans perte de l’une ou de l’autre. La vie moderne exige une sorte de fonctionnement qui comporte le risque d’une dissociation importante avec l’inconscient. En discutant du but et de la technique de la thérapie, on indique que la réconciliation du conscient et de l’inconscient n’est pas une tentative de guérison permanente, mais plutôt de réajustement psychologique. La question fondamentale pour le thérapeute n’est pas de libérer le patient de difficultés momentanées, mais de savoir comment l’aider efficacement contre des difficultés à venir. A travers le transfert, le patient peut s’accrocher au thérapeute qui semble lui promettre le renouvellement de son attitude. Dans la fonction transcendante, le matériel inconscient doit être amené au jour parce qu’il exerce une influence régulatrice nécessaire à notre santé mentale et physique. Il existe de nombreuses sources à ce matériel inconscient, la plus utile pour une méthode thérapeutique constructive étant les imaginations spontanées. Le patient doit s’abandonner à son humeur et donner forme à ses fantaisies et autres associations en écrivant, visualisant ou réalisant une œuvre artistique. L’énergie que le patient devrait avoir à sa disposition pour remédier à son état d’adaptation réduite se trouve dans l’intensité du trouble émotionnel lui-même. Selon sa personnalité, le patient mettra l’accent sur la création ou la compréhension intellectuelle du matériel inconscient. Le moi réfractaire et l’inconscient doivent se réconcilier afin de réaliser la fonction transcendante. A ce stade, ce n’est plus l’inconscient qui prend l’initiative mais le moi. Néanmoins, on doit accorder la même considération aux deux parties afin que les facteurs régulateurs agissent sur les actes. La fonction transcendante fournit au patient le moyen de rompre sa dépendance au thérapeute et de se libérer par son propre effort ; c’est en cela que réside la valeur de cette fonction.

000197 – Des complexes. (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 92-104), (§194-219) & Jung, L’HOMME A LA DECOUVERTE DE SON ÂME, Paris, Albin Michel, 1987, (p.181-197)

La nature et les caractéristiques des complexes à tonalité affective sont présentées et discutées à travers les méthodes de la psychologie expérimentale. La question de l’intégration est abordée en fonction de son interférence avec ce genre de méthodes, les tests d’association par exemple. On a constaté que la situation expérimentale était perturbée par le comportement autonome de la psyché. On en déduit qu’il est impossible d’observer des processus psychiques isolés. En revanche, certaines constellations ou complexes possédant leur propre énergie psychique peuvent être observés, en particulier si l’on débusque les techniques d’évitement utilisées par les sujets pour ne pas révéler un secret psychique. Le complexe est décrit comme l’image d’une certaine situation psychique fortement chargée émotionnellement et incompatible avec l’attitude habituelle de la conscience. Cette image manifeste une puissante cohérence interne, une propre complétude et un relatif grand degré d’autonomie. Le complexe à tonalité affective est comparé aux « psychés éclatées » décrites par les psychopathologistes tel Janet Prince. Il est avéré que leur origine tient à ce qu’on appelle un traumatisme, un choc émotionnel par exemple, qui fait éclater un morceau de la psyché. Ce type de complexes produit de très fortes réactions de frayeur et le conscient tente alors de les supprimer en les déclarant « irréels » ou « imaginaires ». Le primitif semble avoir reconnu la puissance de l’autonomie des complexes en arguant l’existence autonome des démons. Lorsque les moyens magiques et primitifs des pratiques apotropéïques et d’euphémismes échouent à cacher le complexe, la névrose dissociative apparaît et tente d’envahir la conscience. On considère que la conception de Freud selon laquelle le rêve est la clé menant à l’inconscient est limitée. La théorie jungienne élève le complexe au rang d’architecte des rêves mais aussi des symptômes. En dépit du fait qu’historiquement et culturellement les complexes sont avérés, il a été difficile de les considérer comme des expressions caractéristiques de la psyché. La théorie des complexes à tonalité affective génère de l’inquiétude parce que ces vestiges troublants d’un stade de pensée primitif ne sont pas encore compris.

000198 – Le sens de la constitution et de l’hérédité en psychologie.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 107-113), (§220-231)

Dans une étude sur la méthode des types, analyse des relations entre la constitution physique, l’hérédité et la psyché. On considère que la psyché est indépendante de la constitution, bien que certaines particularités physiologiques déterminent des conditions psychiques. Une des difficultés de telle ou telle recherche psychologique réside dans le fait que la psychologie doit encore inventer son langage propre. C’est pourquoi nombreux sont les termes qui ont des acceptions différentes selon les peuples. Un des facteurs, actuellement méconnu par ceux qui explorent la constitution, est le fait que le processus psychique ne naît pas du conscient mais représente plutôt la répétition de fonctions innées qui ont évolué à travers les âges, au même titre que la structure du cerveau. Elles donnent naissance à des images primordiales, ou archétypes, qui constituent l’inconscient collectif. En reconnaissant l’existence de l’inconscient collectif, la psychologie proprement dite est confrontée à des facteurs organiques. L’inconscient collectif, comme le type constitutionnel, sont hors du contrôle du conscient ; négliger l’un ou l’autre conduit à des perturbations pathologiques et tous deux doivent être pris en considération dans le travail thérapeutique. 1 référence.

000199 – Facteurs psychologiques déterminant le comportement humain. (1937)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 114-125), (§232-262)

Enumération et analyse des facteurs psychologiques déterminant le comportement humain. Parmi ces facteurs, les instincts en sont les forces principales. Bien que la compulsion qui les caractérise soit un stimulus ectopsychique, ils président à la formation de structures ou modèles (« patterns ») qui déterminent le comportement psychologique (la psychisation). Les instincts : faim, sexualité, tendance à l’action, instinct réflexif et créativité sont diversifiables et se prêtent à différentes applications. Outre les instincts, il existe six modalités de fonctionnement psychique qui influencent différemment le comportement. Les trois premiers : l’âge, le sexe et l’hérédité de l’individu, sont avant tout physiologiques ; ils sont également psychologiques parce que, comme les instincts, ils sont sujets à la psychisation. Les autres modalités : le conscient et l’inconscient, l’extraversion et l’introversion, l’esprit et la matière, déterminent les problèmes les plus cruciaux de l’individu et de la société. Ces cinq instincts et ces six modalités ne sont que des catégories générales. Concrètement, la psyché représente une interrelation compliquée de tous ces facteurs, avec une tendance marquée à se fractionner en portions autonomes, ou complexes, qui ne sont pas nécessairement pathologiques mais au contraire souvent normaux. Le com-por-te-ment des archétypes dans l’inconscient collectif est analogue à celui des complexes dans la psyché. La tendance dissociatrice, inhérente à la psyché, montre d’une part sa capacité à se dissocier en de nombreuses unités structurelles et d’autre part, que la différence constatée dans les névroses indique qu’une partie différenciée de la psyché devient parfois si puissante qu’elle suscite une personnalité unilatérale. Parmi les quatre facultés cognitives, la sensation, la pensée, le sentiment et l’intuition, l’une d’elles est généralement plus développée que les autres et donne à la personnalité son cachet particulier. Ces facultés sont opposées entre elles : pensée/sentiment, sensation/intuition. On conseille de faire du problème des opposés la base d’une psychologie critique. Toutes les tentatives de compréhension théorique seront nécessairement incomplètes, vu la formidable complexité des phénomènes psychiques. Reconnaissance par l’auteur de sa dette envers William James.

000200 – Instinct et inconscient. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 129-138), (§263-282), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.94-105)

Définition des termes d’instinct et d’inconscient et distinction entre les processus inconscients et les réactions instinctives. Revue des approches historiques de l’instinct ; celui-ci est défini comme des processus inconscients hérités, ils surviennent uniformément et régulièrement, et relèvent d’une nécessité compulsive. L’inconscient est ensuite défini comme l’ensemble de tous les phénomènes psychiques privés de conscience. Ces contenus sont le produit d’une activité conjointe, à la fois personnelle et collective. Cette dernière contient des formes innées d’intuition, c à d les archétypes de perception et de compréhension qui déterminent a priori tous les processus psychiques. Les archétypes et l’instinct, ces deux composantes de l’inconscient collectif, sont définis et comparés. Les instincts sont définis comme des modes typiques d’action, associés à une motivation consciente ou non. Les archétypes sont définis comme des modalités typiques d’aperception, que leur caractère mythologique soit reconnu ou non. On conclut qu’il est impossible de déterminer laquelle, de l’aperception de la situation ou de l’impulsion à agir, est première. 7 références.

000201 – La structure de la psyché. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 139-158), (§283-342) & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.1-38)

La structure de la psyché est abordée dans la perspective du psychologue praticien et non de celle du chercheur. Les contenus de la conscience sont classés en sept groupes : la perception sensible, le processus instinctif, l’évaluation, la reconnaissance, l’intuition, la volonté et les rêves. Ces cinq derniers sont aperceptifs et résultent de la configuration des processus psychiques (et non physiques). La psyché n’est pas entièrement composée de conscience. Son autre versant est l’inconscient qui n’est pas accessible à l’observation mais ne peut être inféré qu’à partir de phénomènes tels que les rêves, lapsus et autres états psychologiques. On croit que toutes les activités qui se situent généralement dans l’inconscient peuvent également y être actives. Les rêves sont l’exemple du plus important et du plus probant résultat de l’intrusion de l’inconscient dans le conscient. Pour comprendre un rêve, il faut de la technique analytique mais connaître aussi la mythologie. Cette connaissance permet de saisir le sens d’un contenu dérivé des profondeurs de la psyché, c à d de l’inconscient collectif. L’évidence de l’existence de l’inconscient collectif apparaît dans de multiples cas cliniques ; elle se reflète également dans l’existence de nombreuses croyances religieuses, principalement dans le christianisme primitif et médiéval. L’inconscient collectif est fait d’archétypes, ou images primordiales, qui sont des analogies plus ou moins imaginaires d’évènements physiques récurrents. La psyché humaine enregistre les images plutôt que le fait objectif et ce, via le processus de participation mystique qui renvoie à l’indistinction primitive que faisait l’être humain entre le sujet et l’objet. La fonction de la conscience ne consiste pas seulement à reconnaître et assimiler, via les sens, le monde extérieur mais également de traduire en réalité visible le monde intérieur, c à d l’inconscient. 1 référence.

000202 – Sur la nature du psychisme. 1. L’inconscient dans une perspective historique. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 159-167), (§343-355), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.465-476)

L’existence de l’inconscient est recensée dans les écrits de nombreux auteurs dès le 17è siècle. Avant cette période, l’histoire de la psychologie consistait essentiellement dans l’énumération des doctrines relatives à l’âme. L’étude était entièrement subjective et philosophique. Ce n’est qu’au 17è siècle que Christian von Wolf avança l’idée d’une psychologie empirique ou expérimentale. La psychologie devint alors une science naturelle. Mais cela ne faisait pas l’affaire des sciences plus anciennes et plus reconnues, menacées dans leur statut. Au tournant du 20è siècle, l’inconscient en tant qu’hypothèse conceptuelle était généralement rejeté par des auteurs comme Wilhelm Wundt ; mais Fechner, Lipps et Herbart présagèrent sa signification actuelle. Les remarques de Lipps forment la base théorique de la psychologie en général. Néanmoins, la résistance à l’égard de l’hypothèse de l’inconscient persista encore longtemps après.

000203 – Sur la nature du psychisme. 2. La signification de l’inconscient pour la psychologie. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 167-173), (§356-364), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.477-484)

Analyse de l’importance de l’inconscient en tant que concept psychologique et de son impact sur l’histoire intellectuelle européenne. L’inconscient, que l’on tenta de décrire comme un « conscient subliminal », fut d’abord établi par Fredric Meyers en 1886. On considère que cette découverte a révolutionné la psychologie tout autant que la radioactivité a changé la physique. Mais elle fut combattue d’abord par les psychologues et les philosophes. On reprend, pour les rejeter, les objections de Wunt sur la théorie de l’inconscient dont on étudie l’impact momentané sur la théorie de la connaissance. Si l’hypothèse de l’inconscient est acceptée, alors il s’ensuit que notre connaissance doit être incomplète dans la mesure où la psyché, sur laquelle repose notre connaissance, n’est qu’en partie accessible au conscient. Ainsi, la validité du savoir conscient a été bien plus menacée qu’elle ne l’avait jamais été par l’épistémologie critique. Le but de la philosophie allemande, depuis la « victoire » de Hegel sur Kant, a été de rejeter la critique de la raison par Kant et rétablir la souveraineté quasi divine de l’esprit humain. Ce mouvement a culminé dans l’hybris de la raison chez le surhomme de Nietzsche et a conduit à la catastrophe de l’Allemagne nazie. On remarque que tous les énoncés philosophiques qui transgressent les limites de la raison sont anthropomorphiques et ne sont que psychologie sans perspective.

000204 – Sur la nature du psychisme. 3. La dissociabilité de la psyché. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 173-178), (§365-370), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.485-491)

Le phénomène de la dissociabilité de la psyché est analysé comme une explication de la capacité de volition de l’inconscient. Wundt avait rejeté la théorie de l’inconscient en s’appuyant sur le fait que la capacité de perception, de sensation et d’action présupposait un sujet percevant. Ce sujet ne pouvait, logiquement donc, être dans l’inconscient. On note que l’expérience clinique confirme la dissociabilité de la psyché, l’autonomie des processus inconscients par rapport au conscient et que les processus conscients marquent une différenciation. L’expérience psychiatrique montre que l’unité de la conscience peut facilement voler en éclats. Cette dissociabilité rend compte de l’existence d’une conscience secondaire subliminale ; celle-ci représente une composante de la personnalité séparée du moi conscient soit parce qu’elle a été refoulée, soit parce qu’elle n’a jamais été consciente. Cette deuxième catégorie représente ces contenus inconscients qui sont les germes de contenus conscients futurs mais qui ne sont pas encore compris par le conscient et donc demeurent inconscients. La conscience est comparée aux modalités sensorielles en ce qu’elle possède un seuil de perception. Cette notion de seuil est étendue à la psyché et le terme de « psychoïde » est avancé pour désigner ces processus psychiques qui se situent à chaque extrémité de l’échelle psychique. On conclut que l’hypothèse de l’inconscient n’est vérifiable que si les contenus de l’inconscient peuvent être amenés à la conscience. 3 références.

000205 – Sur la nature du psychisme. 4. Instinct et volonté. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 178-184), (§371-380), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.492-499)

Exposé sur la place de l’instinct et de la volonté dans la superstructure de la psyché. Pour introduire la question de savoir comment distinguer la psyché du physiologique, bref rappel des travaux de pionnier de Freud et de Janet dans le domaine de l’inconscient. Freud a démontré le lien entre les contenus refoulés dans l’inconscient et les instincts ; mais les instincts étant liés à la physiologie, le problème de la séparation était rendu plus ardu. La division de la psyché par Janet en partie inférieure, régie par les instincts, et la partie supérieure, sous l’influence de la volonté, fournissait pour sa part une tentative de solution. L’énergie intrinsèque de la fonction n’est plus orientée par l’instinct dès lors qu’elle passe du domaine inférieur au domaine supérieur. En outre, de même que l’instinct représente la limite inférieure de la volonté, ainsi l’esprit en délimite la partie supérieure. La psyché est donc conçue comme l’émancipation de la fonction de sa forme instinctuelle ; elle serait constituée en elle-même de toutes les fonctions susceptibles de passer sous l’influence de la volonté. Mais comme la volonté réside seulement dans le conscient, cette discussion sur la volonté et l’instinct renvoie à l’axiome selon lequel la psyché est identique au conscient, ce sur quoi il y a désaccord avec Janet. 3 références.

000206 – Sur la nature du psychisme. 5. Conscient et inconscient. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 184-190), (§381-387), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.500-507)

En vue de réfuter l’axiome selon lequel la psyché est l’équivalent du conscient, exploration de la nature de l’inconscient par rapport à ce conscient. L’inconscient est composé de tout ce qui a été oublié, refoulé, perçu par les sens mais non reconnu par le conscient, tous les contenus conscients qui sont en train de pousser dans l’inconscient et les contenus d’un système psychoïde. Lorsqu’ils ne sont pas en relation avec le moi conscient, l’état de ces contenus est présumé être à peu près le même que lorsqu’ils le sont. Il y a perception, sentiment, pensée volonté et intention comme si l’inconscient était un « subconscient ». Une différence cependant dans le domaine des complexes à tonalité affective : dans l’inconscient, ces complexes ne sont pas contrôlés comme lorsqu’ils le sont dans le conscient, et ils sont capables de se développer de façon autonome ou compulsive. Les processus inconscients se déploient le long d’un large spectre de comportements, du conscient à l’instinctif. C’est dans la zone limite de la conscience que se trouve la réponse à la question de savoir si la psyché est l’équivalent du conscient. L’examen de cette zone limite révèle que la conscience est relative, que sa lumière comporte bien des degrés de luminosité et que l’affirmation du complexe du moi possède bien des graduations. On conclut que la conscience du moi est entourée d’une multitude de petites lumières. 1 référence.

000207 – Sur la nature du psychisme. 6. L’inconscient comme conscience multiple. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 190-199), (§388-396), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.508-520)

L’hypothèse selon laquelle la conscience du moi est entourée d’une multitude de luminosités repose en partie sur l’état quasi conscient de l’inconscient et en partie sur la forte incidence de l’imagerie de la lumière dans les descriptions de la conscience. Analyse de plusieurs écrits alchimiques indous et chrétiens qui ont utilisé cette image pour décrire la nature de la conscience, l’homme et leur propre métaphysique. Les alchimistes Khunrath, Dorn et Paracelse ont écrit à propos d’une lumen naturae illuminant la conscience et de scintillae – étincelles – qui sont les luminosités germinales montant de la nuit de l’in-cons-cient. Ignace de Loyola a décrit la vision récurrente d’une vive lumière qui prenait la forme d’un serpent aux yeux multiples. Les yeux multiples caractérisent également Purusha, l’homme cosmique indou. Ces systèmes métaphysiques et ces visions sont considérés comme des intuitions introspectives qui saisissent la nature de l’inconscient. Etant donné que le conscient a toujours été décrit en termes découlant du comportement de la lumière, on en conclut que les luminosités multiples correspondent à de minuscules phénomènes conscients dont beaucoup d’entre eux vivent dans l’inconscient.

000208 – Sur la nature du psychisme. 7. Instinct et volonté. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 200-216), (§397-420), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.521-541)

Analyse des relations entre l’instinct et les archétypes et discussion à propos de leurs effets sur la psyché. Bien qu’il soient opposés, l’instinct et l’archétype se rencontrent dans le concept biologique de « pattern of behavior » (mode de comportement). Le problème de mise à jour de ces « patterns of behavior » est résolu à travers l’analyse des rêves, des fantasmes et des œuvres artistiques des malades mentaux. L’assortiment chaotique des images ainsi découvertes se retrouve dans des thèmes bien définis et des catégories qui correspondent aux motifs universels de la mythologie. De cette découverte remarquable, on déduit que les impulsions venant de l’inconscient, c à d les archétypes, sont les spiritus rector de l’intellect humain. A l’opposé de l’aspect spirituel de la psyché, se trouve l’instinctif. Les instincts sont enracinés dans le physiologique et fournissent l’énergie cinétique de la psyché. C’est comme si une force instinctuelle poussait les contenus archétypes de l’inconscient vers la conscience. La psyché est comparée au spectre de la lumière afin d’illustrer la façon dont elle passe progressivement de la physiologie de l’instinct à la spiritualité des archétypes. Le passage de l’inconscient au conscient ne se fait que par les représentations archétypiques, car les archétypes en eux-mêmes sont à la limite ultraviolette du spectre et sont donc inconnaissables. On conclut que la matière et l’esprit apparaissent dans la sphère psychique comme des qualités distinctes du contenu conscient. Leur nature ultime est transcendante ; la psyché et ses contenus représentent en effet la seule réalité qui nous soit donnée directement.
3 références.

000209 – Sur la nature du psychisme. 8. Modèles de comportement et archétypes. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 216-226), (§421-433), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.542-554)

Analyse de l’importance de la psychologie dans l’ensemble de l’existence humaine. Parmi les sciences, elle est la seule dont l’objet d’étude est précisément le sujet qui expérimente ces autres sciences. En conséquence, un changement du facteur psychique, une modification du principe, est de toute première importance pour notre connaissance et notre façon de voir le monde. L’intégration des contenus inconscients représente l’un de ces changements et celui qui est tenu pour essentiel à la survie de l’homme. L’homme moderne s’identifie de trop près aux contenus du conscient collectif et refoule les contenus de l’inconscient collectif. Ceci mène à une unilatéralité qui devient facilement la proie des « ismes ». La catastrophe de l’Allemagne nazie souligne le prix de cette erreur. L’homme médiéval était protégé par sa foi religieuse qui, en termes d’efficacité, correspond à l’attitude suscitée dans le moi par l’intégration des contenus de l’inconscient collectif. Avec le déclin de la foi en occident, les « ismes » deviennent les substituts sophistiqués de cette perte de lien de l’homme avec la réalité psychique. Etant donné que les idées religieuses ont leur origine dans les archétypes, l’homme peut rétablir son équilibre psychique en intégrant les contenus de l’inconscient collectif. Ce processus, appelé individuation, est considéré comme le but de la psychologie. Sa réalisation requiert des conditions spéciales car elle peut dégénérer en processus pathologique avec des conséquences désastreuses.

000210 – Sur la nature du psychisme. Supplément. (1947)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 226-234), (§434-442), & Jung, LES RACINES DE LA CONSCIENCE, Buchet Chastel, Paris 1971, (p.555-565)

Dans le but de clarifier les fondements conceptuels de la psyché, les problèmes de re-cherche et les procédures de la psychologie sont comparés à ceux de la physique. Pour répondre à l’objection selon laquelle la psychologie de l’inconscient est une philosophie destinée à expliquer les mythologèmes, on démontre que la théorie des archétypes est une explication théorique qui rend compte des effets de l’inconscient. On admet cependant, qu’une véritable connaissance des états et processus de l’inconscient est impossible parce que ces phénomènes ne sont pas directement observables. On fait également remarquer que les sciences aussi sont confrontées au problème méthodologique qui se pose lorsque l’observateur influence l’objet observé. En psychologie, la conscience qui observe produit en réaction un effet sur l’inconscient et limite ainsi le caractère objectif de la réalité de celui-ci. Etant donné que réciproquement l’inconscient influence le conscient, il s’ensuit que la nature de l’archétype ne peut être désignée avec certitude comme psychique. On trouve des arguments en faveur de cette hypothèse dans les phénomènes de télépathie qui s’expliquent parfaitement en supposant un continuum espace/temps psychiquement relatif. On émet l’hypothèse que peut-être la psyché est, en quelque point, au contact de la matière et inversement, que la matière contient une psyché latente.

000211 – Aspects généraux de la psychologie du rêve. (1916)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 237-280), (§443-529), & Jung, L’HOMME A LA DECOUVERTE DE SON ÂME, Paris, Albin Michel, 1987, (p.201-246)

Résumé des faits avérés en psychologie du rêve et esquisse de la théorie jungienne du rêve au regard de celle de Freud. Il est admis que l’origine, la structure et le contenu des rêves ne sont pas ceux de la conscience éveillée. Il est également reconnu que, derrière leur contenu manifeste, les rêves ont un sens caché. La méthode pour découvrir ce sens caché est illustrée par l’analyse du rêve d’un aliéné. On fait remarquer que l’explication d’un fait psychique est déterminée par le point de vue de celui qui l’énonce. Donc, le rêve est commenté dans un sens causal – point de vue freudien – et dans un sens finaliste – point de vue jungien -. Le premier cherche à trouver la cause du rêve, le second sa finalité. Le symbolisme du rêve est interprété en fonction de chaque approche ; l’une découvre le symbolisme qui cache, l’autre le symbolisme qui guide. Cette théorie diffère également de celle de Freud quant à la fonction du rêve. Freud attribue aux rêves une fonction cherchant à réaliser des désirs, tandis que Jung leur assigne une fonction compensatrice. D’après cette dernière théorie, les rêves doivent être interprétés sur le plan du sujet, c à d que toutes les images du rêve sont analysées comme des éléments de la personnalité du rêveur plutôt que comme le reflet de la réalité extérieure. La classification des rêves n’a que peu d’intérêt théorique ou pratique, mais la reconnaissance des thèmes caractéristiques représente un éclairage sans prix en ce qu’elle pointe la correspondance entre les thèmes oniriques et les thèmes mythologiques. Ainsi le langage imagé des rêves peut être interprété comme une survivance du mode de pensée archaïque. On réfute l’objection qui accuse ces approches psychologiques d’être métaphysiques en faisant observer que les concepts religieux sont utiles pour expliquer des faits psychologiques, car ils sont eux-mêmes des faits psychologiques. 6 références.

000212 – De la nature des rêves. (1945)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 281-297), (§530-569), & Jung, LA GUERISON PSYCHOLOGIQUE, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1970, (p.60-79)

Afin d’éclairer le profane, explication des aspects fondamentaux de la psychologie du rêve et de son interprétation. Les rêves sont définis comme des fragments irrationnels de l’activité psychique involontaire. La procédure d’interprétation consiste à faire exprimer par le rêveur toutes les nuances que le sens de chaque image frappante peut prendre pour lui. Tandis que les rêves renvoient à une situation consciente précise, leurs racines sont enfouies dans l’inconscient. Dans la mesure où le sens de la plupart des rêves ne correspond pas aux tendances du conscient, on suppose qu’ils remplissent une fonction inconsciente. L’inconscient est perçu comme ayant une fonction compensatrice par rapport au conscient ; c à d qu’il intervient pour équilibrer toute unilatéralité qui puisse survenir dans la sphère du conscient. Ainsi, l’analyse des rêves est-elle un adjuvant inappréciable dans le traitement d’une névrose consécutive à un déséquilibre psychique. Une autre fonction des rêves s’exerce à travers le symbolisme d’une longue série : ils aident au processus d’individuation. De tels rêves provien-nent de l’inconscient collectif qui est rempli de thèmes mythologiques guidant le processus d’individuation. Bien que la forme des rêves soit hautement diversifiée, beaucoup de rêves prennent une structure définie. Celle-ci est analysée ; on montre qu’elle rappelle celle du drame et qu’elle renferme quatre phases. On rappelle, pour finir, qu’aucune théorie satisfaisante n’a encore été trouvée qui permettrait de traiter les problèmes philosophiques et religieux rencontrés dans l’étude des rêves.
4 références.

000213 – Le fondement psychologique de la croyance aux esprits. (1928)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 301-318), (§570-600), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.232-252)

Esquisse d’une interprétation psychologique du problème des esprits à partir de l’état actuel des connaissances sur l’inconscient. Seul, l’aspect psychologique du problème est pris en compte. La question de savoir si les esprits existent en eux-mêmes est reportée aux deux derniers paragraphes de l’épilogue qui renvoient le lecteur à d’autres auteurs. Bien que l’histoire ancienne de l’homme révèle une croyance universelle en l’existence des esprits, cette croyance a été combattue chez les occidentaux par le rationalisme. Pour les primitifs, le phénomène des esprits est l’évidence d’un monde spirituel et pour eux, la croyance en l’âme humaine est le préalable nécessaire à la croyance aux esprits. Les trois principales sources qui assoient cette croyance sur un fondement solide sont : les rêves, les visions et les perturbations psychiques. Ces trois phénomènes sont analysés et leur dénominateur commun réside dans le fait psychologique que la psyché est une entité divisible. Parmi les parties séparées de la psyché, il existe certains fragments qui ne sont jamais associés au moi. On les appelle des « complexes autonomes ». Vus sous un angle psychologique, les esprits sont des complexes autonomes inconscients qui apparaissent en projection parce qu’ils n’ont aucune relation directe avec le moi. On met en parallèle la croyance des peuples primitifs aux âmes et aux esprits avec le concept psychologique de l’inconscient personnel et collectif : les âmes correspondent aux complexes autonomes de l’inconscient personnel, les esprits à ceux de l’inconscient collectif. Le test des associations est évoqué comme un moyen de démontrer l’existence de ces complexes. On note que, lorsqu’ils sont stimulés de l’extérieur, ces complexes peuvent donner lieu à une soudaine confusion ou de violents affects, et qu’ils peuvent se manifester par des hallucinations. Les esprits sont alors des complexes autonomes de l’inconscient collectif qui apparaissent lorsque l’individu n’est plus adapté à la réalité.

000214 – Esprit et vie. (1926)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 319-337), (§601-648), & Jung, PROBLÈMES DE L’AME MODERNE, Paris Buchet Chastel, 1960, (p.69-94)

La relation entre l’esprit et la vie est le thème d’une conférence donnée à la Société littéraire d’Ausbourg. On note l’ambiguïté fondamentale du terme « esprit » que beaucoup confondent avec la « pensée » ; on recherche une définition empirique du terme. La psyché et la pensée consciente sont analysées et bien que leur nature soit en définitive inconnaissable, on conclut que tout fait psychique aura la qualité de conscient s’il vient en contact avec le moi. Mais la conscience du moi n’embrassant pas la psyché entière, on doit savoir que ce qui est en-deça d’elle peut être très différent de ce qu’on imagine. Un rappel de l’épistémologie et un survol des différents usages du mot « esprit » révèlent qu’il exprime une expérience psychique qui ne peut être saisie d’un point de vue rationnel et dont on ne peut prouver l’existence dans le monde extérieur. On propose une conception de « l’esprit » qui va au-delà du cadre animiste et on le tient pour être une force et un guide supra personnel. On suppose que cet « esprit »-là est au-delà des limites de conscience du moi. Les intentions de cette force inconsciente est supérieure à celles du conscient. La vie est considérée comme la pierre de touche de la vérité de l’esprit. L’homme se retrouve entre ces deux puissances : la conscience et l’inconscience, l’esprit qui donne sens à la vie et la vie qui permet à cet esprit de s’exprimer.

000215 – Postulats de base de la psychologie. (1931)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 338-357), (§649-688), & Jung, L’HOMME A LA DECOUVERTE DE SON ÂME, Paris, Albin Michel, 1987, (p.49-68)

La perspective matérialiste prédominante de l’époque est considérée contraire au postulat de base de la psychologie analytique. Le matérialisme est critiqué en tant que système philosophique caractérisé comme une sur-réaction à la perspective trop spirituelle de l’âge gothique. Le matérialisme et sa conception, selon laquelle la psyché n’est que le produit d’un processus biochimique, sont rejetés en faveur de la psychologie analytique, « une psychologie avec une psyché » qui postule l’existence d’un principe spirituel autonome. Un coup d’œil sur la façon dont l’homme primitif considère l’âme et la psyché révèle une ressemblance remarquable entre ces croyances primitives et les postulats de la psychologie analytique. Tous deux reconnaissent que l’âme est la vie du corps, que le conscient est une expression de l’âme et qu’il est issu de l’inconscient. La psychologie analytique soutient en outre que la psyché inconsciente est un système de fonctions psychiques héritées précédant le développement du moi conscient et qu’elle est une source de savoir. Le conflit entre la nature et l’esprit, si manifeste dans le monde d’aujourd’hui, est le reflet de la nature paradoxale de la psyché. On conclut que la réalité psychique existe cependant dans son entièreté originelle et qu’elle attend le progrès de l’homme vers un degré de conscience où il ne croira plus exclusivement en un seul versant de sa nature duelle en refoulant l’autre.

000216 – Psychologie analytique et Weltanschauung. (1927)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 358-381), (§689-741), & Jung, PROBLÈME DE L’ÂME MODERNE, Buchet Chastel, Paris 1960, (p.95-129)

Discussion à propos de la contribution de la psychologie analytique à une nouvelle Weltanschauung (conception du monde). La personnalité est essentiellement reliée à la conception du monde étant donné que la conscience détermine la façon dont l’homme envisage le monde et que réciproquement, il s’oriente et s’adapte à la société en accord avec sa façon de voir. Les croyances fondamentales soutenues par la psychanalyse sont analysées et estimées produire uneWeltanschauung matérialiste et rationaliste ; cette perspective est inadéquate parce qu’elle ignore l’énorme production irrationnelle de la psyché. En revanche, la psychologie analytique contribue à une conception du monde plus complète en reconnaissant l’existence de certains contenus inconscients qui ne peuvent pas être rationalisés mais dont le conscient doit tenir compte. Les contenus de l’inconscient collectif, c à d le résultat du fonctionnement psychique de toute l’humanité ancestrale, représentent la matrice de l’expérience d’où naîtront toutes les idées futures. Néanmoins, les contenus de l’inconscient collectif ne constituent pas en eux-mêmes une conception du monde, mais doivent être traduits en langage contemporain. On estime que si ce processus réussit pleinement, cette perception reprendra l’expérience primordiale de l’humanité ; c’est en vue de cette approche idéale du monde que la psychologie analytique, en mettant à jour le matériel des fantaisies irrationnelles de l’inconscient, tente de briser les murs étroits du rationalisme. 1 référence.

000217 – Le réel et le surréel. (1932)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p382-384), (§742-748)

Comparaison entre la façon orientale et occidentale de considérer la réalité. Selon le point de vue occidental, est « réelle » toute chose qui vient, ou semble provenir, du monde tel qu’il est révélé par les sens. Cette limitation de la réalité au matériel, bien qu’apparemment compréhensible, n’est qu’un fragment de l’ensemble de la réalité. Cette étroite perspective est étrangère à la façon orientale de voir le monde qui accorde à toute chose le statut de réalité. Donc, à la différence de l’occident, l’orient n’a pas besoin de créer le concept de « surréalité » en faveur de la psyché. Auparavant, l’homme occidental n’avait accordé à la psyché qu’une réalité indirecte dérivée de ses supposées causes physiques. Il commence à présent à réaliser son erreur et à comprendre que le monde dans lequel il vit est celui de ses propres images psychiques. L’orient est plus sage, qui trouve l’essence de toute chose fondée dans la psyché. Entre l’essence inconnue de l’esprit et de la matière il y a la réalité de la psyché. La réalité psychique est la seule réalité dont nous puissions faire l’expérience immédiate.

000218 – Au solstice de la vie. (1930)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 387-403), (§ 749-795), & Jung, PROBLÈME DE L’ÂME MODERNE, Buchet Chastel, Paris 1960, (p.221-243)

Les étapes de la vie sont commentées en fonction des problèmes qu’ils posent aux individus. Etant donné que le progrès de la conscience est la source de tous les problèmes, seules parmi les quatre étapes, seront abordées les deuxièmes et troisième étapes, la jeunesse et l’âge moyen. Le développement de la conscience individuelle est suivi depuis la naissance biologique jusqu’à la naissance psy-chique qui a lieu à la puberté. Il se réalise en quatre phases : la reconnaissance de relations entre deux évènements, le développement du complexe moi et la nature duelle de soi. La jeunesse, deuxième étape, comprend les années entre la puberté et le début de l’âge moyen, vers 35-40 ans. C’est durant cette période que se définit la personnalité et sa place dans la société ; les problèmes tournent alors soit autour du refus de l’individu d’abandonner le mode de vie de l’enfance, soit dans la perte brutale des illusions face aux exigences contrariantes de la réalité. A l’apparition de l’âge moyen, les valeurs et même le corps de l’homme basculent. Les troubles névrotiques de l’adulte ont tous un point commun : tenter de prolonger à l’âge moyen la psychologie de la jeunesse. On doit néanmoins changer cette psychologie au risque de porter tort à son âme. L’âge moyen semble avoir un projet culturel contraire à celui du jeune individu. On pose le principe que la valeur des croyances religieuses en un autre monde constitue une assise permettant de vivre la seconde moitié de la vie avec autant de projets et d’objectifs que dans la première. On fait remarquer que la croyance en une vie après la mort fait partie des images primordiales.

000219 – Âme et mort. (1934)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 404-415), (§796-815), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, librairie de l’Université-Georg, 1973, (p.219-231)

Le sens de la mort est commenté en fonction de sa relation à la psyché. Le point de vue selon lequel la mort est simplement la fin de la vie, le point au bout d’une phrase souvent inachevée, est contré par la perspective de la mort comme but de la vie. La vie est un processus énergétique qui se termine lorsqu’il a atteint son but. Sa courbe est parabolique : durant la jeunesse, elle monte ; elle atteint son zénith à l’âge moyen ; puis elle redescend vers la vallée d’où est partie l’ascension. Les problèmes de l’homme commencent lorsque la courbe psychologique n’est pas en phase avec la courbe biologique. On affirme que cette conception de la mort n’est pas un pur syllogisme étant donné que si l’homme privilégie les projets et le sens de la vie ascendante, il devrait également s’attacher à ceux de la vie descendante. On montre que, tel qu’il est exprimé dans les grandes religions du monde, le consensus de la race affirme une certaine continuation de la vie après la mort. En occident cependant, la croyance religieuse est tombée en désuétude. Depuis le siècle des lumières, les religions sont considérées comme des systèmes philosophiques, des constructions de l’intellect qui n’ont pas plus de valeur qu’une réalisation imaginaire de désirs. Cette approche est contredite par l’argu-ment suivant : les symboles religieux sont le produit naturel de la vie incons-ciente et, comme tels, ils représentent, a minima, les vérités essentielles de la nature psychologique de l’homme. Dernière observation sur le sens de la mort : elle dépasse les compétences d’une science empirique et les capacités de l’intellect humain. Références à la télépathie et aux nombreux phénomènes de parapsychologie pour pointer, qu’à l’évidence, la psyché est capable de transcender le continuum espace/temps. On conclut que la psyché possède une forme d’existence au-delà de l’espace et du temps et participe ainsi à ce qui est maladroitement et symboliquement appelé éternité.

000220 – La synchronicité, principe de relations acausales. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 417-420), (§816-817), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.21-22)

L’article sur la synchronicité a pour projet de systématiser tout ce qui a été écrit sur le sujet durant la dernière vingtaine d’années. On prévient que ce thème plonge dans les régions obscures et incertaines de l’expérience humaine et qu’il est entouré de préjugés et de difficultés théoriques. Le phénomène en question fait souvent irruption dans la pratique psychothérapeutique comme une expérience intérieure qui apporte quelque chose de très important au patient.

000221 – La synchronicité, principe de relations acausales. 1. Présentation. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 421-458), (§818-871), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.23-58)

Enoncé et commentaire de la synchronicité comme principe de relation acausal. Exposé sur l’existence d’évènements complexes en relation acausale mais néanmoins significative entre eux. Cette évidence est développée à partir du survol commenté des méthodes « mantiques » telles que le Yi King, l’astrologie et l’alchimie qui, toutes, se fondent sur l’existence de la synchronicité. Une explication rationnelle servant à accepter l’explication du principe acausal est fournie par la physique moderne qui démontre que les lois naturelles et leurs prémisses philosophiques de causalité ne sont que relatives et n’ont qu’une validité statistique. Bien que, dans le monde macrophysique, les relations acausales des évènements soient difficiles à mettre en évidence il existe malgré tout une foule d’écrits sur le sujet. On fait référence, parmi beaucoup d’autres, à un texte d’Albertus Magnus, vers 1485, et au traité de Schopenhauer sur « L’intentionnalité apparente dans le destin de l’individu ». La démonstration décisive de la synchronicité est fournie dans l’ouvrage de J.B. Rhine : « La perception sensorielle ». Ses expériences de télépathie psychokinétique sont examinées en détail et on conclut qu’il s’agit d’évènements réels, reliés entre eux expérimentalement et significativement mais non causalement. En outre, ces expériences montrent que l’espace et le temps se comportent de façon « élastique » par rapport à la psyché. Plusieurs cas tirés de la propre expérience clinique de l’auteur sont exposés pour expliquer la signification psychologique de la synchronicité. On en conclut que la synchronicité comporte deux facteurs : une image inconsciente qui surgit, directement ou indirectement, à la conscience et une situation objective qui coïncide avec ce contenu. 16 références.

000222 – La synchronicité, principe de relations acausales. 2. Une expérience astrologique. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 459-484), (§872-905), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.58-77)

Commentaire des résultats d’une expérience astrologique menée dans le but de tester le fondement empirique de la méthode intuitive. On a supposé que si les prétentions de l’astrologie étaient correctes, il devrait y avoir dans l’horoscope individuel plusieurs configurations qui prédisposeraient au choix du partenaire conjugal. Afin de tester cette hypothèse, on recueillit et analysa les horoscopes de 180 couples mariés en fonction de la fréquence des conjonctions ou oppositions de certaines caractéristiques astrologiques présélectionnées. Les résultats ont montré que les figures de toutes ces caractéristiques s’inscrivaient bien dans les limites de la probabilité. La variance cependant correspondait de façon surprenante à l’état psychique des sujets individuels. Cette différence entre le résultat statistique de l’ensemble et les résultats individuels sont largement commentés. On admet qu’il y a peu d’espoir de prouver que l’astrologie obéisse à des lois que l’on puisse découvrir, mais on maintient que les statistiques fournissent un tableau général mais non une fidèle image du monde.

000223 – La synchronicité, principe de relations acausales. 3. Les précurseurs de l’idée de synchronicité. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 485-504), (§906-936), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.78-94)

Analyse de l’histoire des idées à la base du concept de synchronicité. L’idée fonda-mentale sous-tendant le concept de coïncidence significative, c à d de synchronicité, est que tout fait renferme une rationalité latente. Cette rationalité latente dérive de l’interconnexion de tous les faits entre eux et se manifeste à travers les principes explicatifs de causalité et de synchronicité. L’existence de ce deuxième principe explicatif, parallèle à celui de causalité, est suivie à travers les approches primitive, classique et médiévale de la nature. Analyse de passages tirés des textes de Théophraste, Philon, Hippocrate, Pic (de la Mirandole), Agrippa (von Nettesheim) et Zoroastre : ils font référence à la « sympathie entre toutes choses », principe de la connexion universelle. Esquisse de plusieurs parallèles entre cette façon de voir et la philosophie chinoise classique telle qu’elle est résumée dans le concept du Tao. La théorie de Leibniz sur l’harmonie préétablie entre l’intérieur et l’extérieur de la monade, entre des évènements psychiques et physiques, est considérée comme le résultat de cette tradition philosophique. Mais seule la causalité fut acceptée comme principe explicatif, d’abord par les sciences naturelles au 18è s., puis par la physique au 19è s., et le principe de synchronicité aurait disparu si les recherches en télépathie n’avaient à nouveau soulevé la question. La synchronicité à donc été reprise par la psychologie pour expliquer ces faits qui, bien que relativement rares, ne peuvent être expliqués par le principe de causalité. 24 références.

000224 – La synchronicité, principe de relations acausales. 4. Conclusion. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 505-519), (§937-958), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.94-119)

Commentaire à propos de la valeur de la synchronicité comme principe explicatif ; son impact sur notre conception du monde. On argue que la coordination des processus psychiques et physiques au sein d’un organisme vivant peut mieux se comprendre comme phénomène synchronistique que comme relation causale. Analyse de plusieurs cas médicaux qui supposent la continuation de processus conscients au cours des syncopes. La persistance des processus conscients durant des périodes de dépression corticale indiquerait que l’esprit et le corps existent à l’intérieur d’une organisation acausale. En dehors du domaine du parallélisme psychophysique, admis sinon vraiment compris, la synchronicité n’est pas facilement démontrable. La découverte de la physique moderne, en particulier dans la sphère de la décomposition du radium, suggère que le concept d’organisation acausale pourrait remplacer la causalité comme principe fondant les lois ultimes de la nature. L’idée de synchronicité et sa qualité significative inhérente ouvrent une perspective à première vue déconcertante sur le monde. Mais, ajoutée au trio espace/temps/causalité, elle rend possible une approche incluant le facteur psychoïde dans notre description et notre connaissance de la nature. Lorsque le schéma conceptuel est modifié en quaternion : a) la connexion constante via l’effet (causalité), b) l’énergie indestructible, c) le continuum espace/temps et d) la connexion inconstante via la contingence, l’équivalence ou le sens (synchronicité), il satisfait aussi bien les postulats de la physique que de la psychologie. 10 références.

000225 – Appendice : sur la synchronicité. (1952)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.8. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1972. 588 p. (p. 520-531), (§969-997), & Jung, SYNCHRONICITÉ ET PARACELSICA, Paris, Albin Michel, 1988, (p.263-277)

La transcription d’une conférence, donnée aux réunions d’Eranos en 1951, donne une vue d’ensemble sur le contenu de « La synchronicité : principe de connexions acausales ». Définition de la synchronicité et reprise de plusieurs anecdotes personnelles illustrant ce concept. Les expériences de J.B. Rhine sur les phénomènes de télépathie et une expérience d’astrologie sont reprises en détail. On démontre qu’elles apportent l’évidence empirique de l’utilité de la synchronicité comme principe explicatif. On conclut que les phénomènes synchronistiques prouvent l’occurrence simultanée d’équivalences significatives entre des processus hétérogènes, non reliés de façon causale.

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