Travail et sens

Cahiers Jungiens de Psychanalyse n°140

Travail et sens, pourquoi ce titre ?

Le travail est une notion protéiforme et la question du sens est inhérente à sa polysémie. Tandis que le sens, lui, nous travaille.

De la naissance à la mort, le travail tisse la trame de nos existences. Travail de l’accouchement, travail de deuil, il s’inscrit de bout en bout au plus intime de notre expérience.

Associé à la liberté et à la contrainte, le travail n’a pas toujours été érigé en valeur suprême. Celle-ci fluctue selon les époques et les contextes, culturels, politiques, sociaux, économiques. Ainsi, la mise en tension entre aliénation et libération dont il résulte se décline aujourd’hui en un triple paradoxe ; nous libérer par le travail, nous libérer du travail, et ce, dans un paysage économique où l’accès à l’emploi se précarise. Si le thème de l’argent n’est pas abordé dans les pages qui suivent, c’est qu’il soulève des problématiques actuelles qui trouveront de plus amples développements dans un numéro à venir.

Au cœur de cette complexité, l’analyste contemporain ne saurait, du moins nous semble-t-il, se suffire d’un abord uniquement intrapsychique des nombreuses interrogations de ses analysants relatives au travail et aux souffrances qu’il engendre.

C’est pourquoi nous avons choisi de placer ce Cahier au carrefour des sciences sociales et humaines, qui y consacrent des recherches denses et fructueuses.

Le travail clinique avec les plus jeunes pousse à rafraîchir nos pratiques, à les arrimer au fil des jours à l’Histoire en marche. En même temps, il met en évidence la valeur fondamentale des aires intermédiaires – zones de résistance – , propices au ressourcement rêveur, à la paresse, au jeu.

Quant au travail de création, il témoigne de la puissance de transformation, entre contrainte et désir, des processus à l’œuvre. Pour certains créateurs, l’appel est précoce et deviendra l’histoire d’une vie. Cela intervint très tôt dans celle de C. G. Jung, à l’articulation de deux impératifs, l’impératif moral et celui, autrement exigeant, de la vocation.

Ce devenir conscient auquel Jung travailla sans relâche, ne pourrait-il être comme un centre de gravité vers lequel tendre, au cours de traversées analytiques requérant de chacun sensibilité au récit d’une histoire singulière, attention portée aux héritages, ouverture aux paradigmes du temps présent ?
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