05. Métamorphoses de l’âme et ses symboles

Volume 5

000079 – Symboles de transformation.
Partie I. Introduction.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 3-6), (§1-3) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.47-51)

L’exposé de Freud sur le fantasme sexuel, qu’il fait dériver de la légende d’Œdipe, est proposé comme un exemple de légendes classiques exprimant des concepts psychologiques fondamentaux ; elles pourraient être encore mieux comprises et appréciées en analysant ces concepts. Les travaux de Riklin, Rank, Abraham, Maeder, Jones, Silberer et Pfister sont des contributions éclairantes dans les recherches historiques sur l’inconscient de l’homme moderne. De même que l’étude de l’activité de l’inconscient de celui-ci peut s’appliquer à la compréhension de la psychologie des problèmes historiques et symboliques, ainsi l’inverse, càd l’étude comparative du matériel historique, pourrait éclairer les problèmes psychologiques individuels d’aujourd’hui. C’est précisément dans la perspective d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements de la psychologie qu’est proposée l’étude du matériel historique.

000080 – Les deux modes de la pensée.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 7-33), (§4-46) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.52-87)

Le principe de la répétition ontogénétique de la psychologie phylogénétique est expliqué en montrant la relation entre l’inconscient humain, ou pensée non dirigée, et la mythologie et les légendes. Description des deux types de pensées : la pensée dirigée dont la science est la forme supérieure et qui est fondée sur le discours, et une pensée non-verbale, indirecte et associative, appelée communément rêve. Ces deux formes de pensées se rapportent à deux activités humaines : l’adaptation à la réalité extérieure et le retour vers des intérêts subjectifs. La pensée indirecte caractérise les anciennes cultures, l’homme primitif et les enfants. Le parallélisme entre la pensée mythologique des anciens et celle des enfants et des primitifs, ou encore celle que l’on retrouve dans les rêves, laisse supposer qu’il existe une correspondance entre le développement ontogénétique de l’individu et la phylogenèse du développement psychologique du genre humain. L’examen de certains contes et mythes illustre l’idée que ce qui représente chez l’homme moderne un fantasme secret était, jadis, une coutume ou une croyance parfaitement acceptées : l’origine du fantasme individuel est considéré comme une compensation, celle par exemple de l’adolescent qui rêve d’être issu de parents sains et importants, fantasme que l’on retrouve dans les légendes de Remus et Romulus ou de Moïse. La pensée dirigée entre en contact avec les contenus de l’inconscient mais pas avec ses motivations. Dans le conte d’Anatole France, par exemple, le désir inconscient de l’abbé Œgger de devenir un « Judas » le pousse à l’étude de la légende de Judas et à l’idée d’un Dieu miséricordieux, puis à lui faire quitter l’église catholique. On conclut que les fantasmes de l’adulte ne reflètent pas seulement des conflits individuels mais également des thèmes archaïques et que toute interprétation de fantasme devrait être éclairé par ces deux aspects du mécanisme imaginatif. 33 références.

000081 -. Les fantaisies de Miss Miller : anamnèse.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p.34-38), (§47-55) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.88-93).

La publication par Flournoy des fantasmes écrits par une certaine Miss Miller montre le caractère influençable et auto-suggestif de cette jeune femme. Quelques exemples précis, tirés de l’ensemble présenté, illustrent la façon dont ces fantasmes expriment des conflits immédiats. On estime que ceux-ci, ajoutés à l’énergie psychique libérée par la perte de la réalité, sont à l’origine de son caractère influençable et de sa propension à ressentir de façon inhabituelle certaines impressions. 2 références

000082 – L’hymne à la création.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 39-78), (§56-114) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.94-155).

L’analyse du conflit inconscient à l’origine du poème onirique de Miss Miller, « L’hymne à la création », et la recherche du but de ce rêve conduisent à une interrogation sur la place de Dieu et de la religion dans l’adaptation psychique de l’homme. « L’hymne à la création » écrit par Miss Miller à son réveil, représente la projection des conflits refoulés nés de son attirance amoureuse pour un marin à peine entr’aperçu, tandis que sa propre interprétation du rêve dénote son identification à la protestation d’innocence de Job et rejette tout le « mal » sur les autres. Le rôle de Dieu, archétype paternel projeté et dépositaire des problèmes humains, est abordé par rapport à une demande religieuse de confession ; cette dernière maintient la conscience des conflits – ce que recherche la psychothérapie. Analyse de l’amour, caractéristique de Dieu, et des difficultés à distinguer l’amour spirituel et l’amour humain. On pense que le prêtre est un représentant de l’archétype. Le christianisme est une réaction inévitable à la barbarie grâce à son contrôle moral sur les bas instincts et au fait qu’il détourne de la réalité et encourage l’abstraction ; en tant que tel, il est mis en opposition avec le culte mithriaque de la nature. Analyse du rôle du christianisme, libérant l’énergie humaine au profit de la civilisation (ce que le christianisme a rendu possible par sa foi en la souveraineté de la pensée) et questionnement consécutif sur la réalité des concepts subjectifs chrétiens, tel que celui de « l’âme ». 40 références.

000083 – Le chant de la mite.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 79-117), (§115-175) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.156-220).

Analyse détaillée du symbolisme sous-tendant le poème, « Le chant de la mite », de Miss Miller et tentative pour décrire l’état psychologique de l’auteur, en fonction de ce symbolisme mais aussi des explications qu’elle en donne. Il s’agit d’un poème onirique comme « L’hymne à la création » et il révèle les mêmes complexes. Miss Miller interprète elle-même le désir de la mite pour le soleil comme le désir de l’homme pour Dieu, et les recherches sur le symbolisme du soleil confirment ce thème. On considère que le poème traduit l’intention de transformer son désir pour l’homme, son objet d’amour (le chanteur), en un désir pour Dieu. L’énergie psychique (la libido) crée l’image de Dieu en utilisant un modèle archétypique et conséquemment en vénérant comme divine cette même force psychique ; ceci permet à l’homme de sentir en lui la divinité et d’augmenter son sentiment d’importance et de puissance. Un grand nombre de textes et de références confirment le symbolisme du soleil, de la lumière et du feu comme représentants du divin. On considère que ces concepts récurrents représentent un archétype, càd non pas une idée héritée mais une disposition de l’homme à produire des idées similaires. En évoquant les précédents historiques des symboles de la mite et du soleil, c’est pour le héros solaire que brûle l’âme/mite de Miss Miller. Les fantasmes morbides de Miss Miller sont représentatifs de l’ambivalence de l’amoureux vis-à-vis de sa passion dont le pouvoir est en même temps bénéfique et destructeur. 32 références.

000084 – Symboles de transformation.
Partie II. Introduction.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 121-131), (§176-189) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.221-237).

En référence au concept psychologique de libido, développement des références classiques relatives au symbolisme concerné dans le poème onirique « Le chant de la mite » et au symbolisme du phallus dans les légendes. On cite les références au soleil comme image de Dieu, le soleil représentant le pouvoir créateur de l’âme (la libido). On fait remarquer que le culte du soleil est logique si on considère la dépendance physique de l’homme par rapport au soleil. Des extraits du Shvetashvatara Upanishad et du Kasha Upanishad présentent comme divins des symboles phalliques, tels que les poucets ou les nains mais aussi le soleil, aussi puissants que la clé offerte par Méphistophélès à Faust. Tous ces symboles représentent le pouvoir de la libido, le phallus en particulier représentant la divinité créatrice. Ces exemples servent à montrer que la « libido » de Freud n’est pas uniquement sexuelle, bien que la sexualité soit un composant de sa force. Il est fait appel à la définition de la libido par Cicéron : une « cupidité effrénée » opposée à la « volonté », et à celle plus large de St. Augustin, pour appuyer une utilisation plus étendue de ce concept. 19 références.

000085 – Le concept de libido.

In Jung,Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 132-141), (§190-203) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.238-252).

Discussion sur la première définition de la libido par Freud et sur les raisons d’une modification de cette définition. Bien qu’à une époque Freud ait considéré la libido équivalente à un intérêt en général, il est finalement retourné à sa première définition d’une libido comme énergie sexuelle inondant les autres instincts et il a pensé que la paranoïa pouvait s’expliquer par la perte de l’intérêt libidinal. Ce qui disparaît dans la schizophrénie est bien plus qu’un intérêt érotique : ce qui est perdu est toute la relation à la réalité et la libido est identique à ce qu’on appelle l’énergie psychique, l’appétit à son état naturel. La différenciation, dans le psychisme humain des besoins et pulsions élémentaires liés à l’instinct de reproduction, a créé des fonctions psychiques complexes qui sont à présent indépendantes de la sexualité. Cette conception de la libido, plus large et énergétique, explique le fait patent qu’un instinct peut être dépotentialisé en faveur d’un autre ; c’est ainsi que les perturbations sexuelles de la névrose sont des phénomènes secondaires et non primaires. La perte de réalité dans la schizophrénie n’est donc pas causée par une libido incontrôlée, mais provient de l’investissement de l’énergie psychique dans des fantasmes archaïques. On considère que dans les névroses, la réalité est plutôt faussée que perdue et que le fantasme est plutôt d’origine personnelle qu’archaïque. On pense que le bénéfice pour l’homme de cette énergie psychique investie dans des formations analogiques se trouve dans le développement général de l’esprit humain, de la préhistoire à nos jours. 14 références

000086 – La métamorphose de la libido.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 142-170), (§204-250) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.252-294).

On analyse, chez une patiente schizophrène, les modèles de réactivation régressive au stade pré-séxuel et on les compare à la transformation de la libido liée à la préparation du feu et au mouvement rythmique des premières étapes du développement humain. Ce cas fait apparaître une régression vers les mouvements rythmiques précoces, tels ceux que l’on observe dans la succion rythmée des bébés, lorsque la libido est encore investie dans la zone nutritionnelle. Avec la transformation de la libido au cours du développement de l’enfant, ce modèle est transféré vers d’autres fonctions et ultimement vers la fonction sexuelle. On appelle cependant « période pré-sexuelle », la période allant de la naissance aux premières manifestions sexuelles patentes. La littérature et les légendes fournissent des exemples de la relation entre la lassante activité rythmique observée dans la régression des patients et la préparation du feu. On cite des exemples provenant des différentes périodes de l’histoire et de peuples variés pour confirmer l’existence d’une ressemblance générale entre la préparation du feu et la sexualité. Etant donné que la sexualité est la composante psychique dotée de la plus forte tonalité affective, les régressions, comme les rituels primitifs, manifestent une analogie avec elle bien qu’ils dérivent en fait d’un stade libidinal pré-sexuel. On considère également comme pré-sexuelle la transformation de la libido. Bien que la peur ne soit incontestablement pas à écarter, le refoulement de la libido est plutôt fondé sur des facteurs externes et internes que sur le tabou de l’inceste proposé par Freud. La force d’un tel refoulement provient d’images primordiales et archétypiques à effet numineux spécifiques. La littérature indoue sur la préparation du feu, les légendes du feu né de la bouche, les références bibliques du feu sortant de la bouche et la poésie de Goethe confondant le son, la lumière, la parole et le feu, sont donnés en exemples de la conversion d’une libido originellement investie dans la sphère nutritionnelle et non dans la sphère sexuelle. Le symbolisme du feu est analysé en référence au Livre de Daniel, au Bhagavad Gita et à Platon, mais aussi à la pyromanie et à la préparation du feu. Les cérémonie du feu sont analysées comme un exemple de la canalisation progressive de l’énergie psychique en action. 32 références.

000087 – La naissance du héros.

n Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 171-206), (§251-299) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.295-346).

Analyse du héros, appelé « le plus beau symbole de la libido », tel qu’il apparaît dans la mythologie, les légendes et le rêve dramatique d’une patiente, Miss Miller. L’origine de la vision de Miss Miller est une introversion passive qui rejette l’objet d’amour au profit d’un investissement de la libido sur un substitut intérieur créé par l’inconscient. Pour l’humanité en général, cette introversion de l’attention libidinale est patente dans le culte du héros symbolisant une puissance psychique archaïque refoulée par la pression sociale. Ce besoin humain, la recherche d’un surhomme qui symbolise l’idée, les formes et les forces de l’âme est reconnu par l’église catholique qui présente Jésus comme un héros visible. Analyse des prolongements de la signification du sphinx qui apparaît dans le rêve de Miss Miller et l’on en déduit que pour elle, il représente ce qu’il était pour Œdipe : une menace d’inceste. Un Aztèque, image masculine surgissant de l’image du sphinx, confirme cette interprétation ; analyse du sens symbolique des vêtements et de l’apparence de ce personnage. On explique le processus de refoulement et de régression qui mène au surgissement inconscient de ce genre de personnages archétypiques. Dans la mesure où les contenus issus de l’inconscient proviennent du matériel infantile refoulé, on analyse entre autres significations symboliques, la psychologie de l’intérêt de l’enfant pour ses excréments, ce qui touche à l’analité et la confusion qu’il fait entre création et défécation. La création de la personnalité inconsciente est abordée à travers la légende du juif errant, autre figure du rêve de Miss Miller. On cite les légendes et la tradition de l’histoire chrétienne, juive et mithriaque qui renvoient au symbolisme du soleil et où l’on trouve le poisson comme symbole de régénération et de renaissance. Dans ces textes, les héros sont en même temps mortels et immortels. La force psychique vitale, la libido, se symbolise régulièrement par le soleil ou se personnifie dans des figures de héros solaires, autres images de mortalité et d’immortalité. Brève analyse des motivations inconscientes, comme le problème de l’inceste et celui des désirs cherchant à se faire reconnaître. 28 références.

000088 – Les symboles de la mère et de la renaissance.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 207-273), (§300-418) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.347-454).

A l’occasion de l’exposé des symboles de mère et de renaissance, interprétation du dialogue imaginaire de Miss Miller avec un héros/dieu et démonstration de l’importance culturelle attachée à la canalisation de la libido par des symboles. Dans la vision de Miss Miller, la cité est un symbole maternel comme dans le mythe d’Ogygès, la mythologie indoue ou dans la Bible. Dans ces mythes et dans ceux qui font allusion à une navigation (également présente dans la vision de Miss Miller), on trouve la nostalgie du retour dans le ventre de la mère et celle de renaître immortel. Ce processus créateur symbolique analyse la libido et lui permet de progresser à nouveau vers un plus grand degré de conscience. Etude et analyse d’autres symboles de l’imago maternelle : l’eau, la forêt ou l’arbre de vie. Ces exemples prouvent que l’objet du désir est la renaissance et non la relation incestueuse. Le tabou de l’inceste est un barrage qui canalise la libido et la spiritualise. La religion est, en ce sens, un adjuvant. On considère que le symbolisme et la symbolisation sont civilisateurs et naturels ; le symbole représente une vérité psychologique et ne provient pas de l’extérieur. Dans de nombreux symboles maternels, récurrence des thèmes de manducation et d’enlacement comme dans celui de l’arbre entouré d’un serpent. Ce symbole, tel qu’il apparaît ici et dans bien d’autres mythes, est interprété comme un exemple du père archétypique s’opposant à l’instinctualité pure. On conclut que l’inceste est une explication brute et limitée de la symbolisation ; la loi qui s’exprime comme « prohibition de l’inceste » devrait être interprétée comme tendance à la domestication, les systèmes religieux organisant les forces instinctives de la nature humaine afin de les rendre disponibles pour des visées supérieures. 65 références.

000089 – La lutte pour se délivrer de la mère.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. -274-305), (§419-463) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.455-507).

En considérant la vision millérienne du cavalier (Chiwantopel) menacé par la flèche d’un indien, on cherche à déceler le sens symbolique de ce fantasme et l’on interprète la vision comme l’expression de l’impérieuse nécessité pour Miss Miller d’abandonner sa dépendance infantile à la mère. Le héros de la vision exprime la demande infantile de son auteur ; il se comporte même de façon féminine en reflétant l’infantilisme persistant de Miss Miller et de son identification aux parents. L’analyse se prolonge par celle du symbolisme du cheval et de la flèche tels qu’ils apparaissent dans la mythologie, le théâtre et la poésie. La blessure du héros est considérée comme la percée symbolique du soi à travers laquelle la libido se replie sur elle-même comme si elle retournait dans le ventre de la mère. Cette intériorisation survient chaque fois que l’homme a à faire face à un moment difficile de sa lutte pour l’indépendance (dégagement de la mère et de toute l’atmosphère de son enfance). Analyse de l’imago de la mère et des archétypes maternels et distinction entre les attitudes prises à leur égard au cours de la première et seconde partie de la vie. Dans la vision de Miss Miller, la flèche n’atteint pas le héros, ce qui montre que Miss Miller n’est pas prête à renoncer au lien à la mère. 29 références.

000090 –The dual mother

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 306-393), (§464-612) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, Le sacrifice (p.508-647).

La vision de Miss Miller du héros Chiwantopel et le lien qu’elle-même propose avec les légendes de Hiawatha, Siegfried et autres héros religieux et mythologiques sont repris dans le prolongement de la théorie héroïque. Chiwantopel à la recherche de « celle qui comprend » est l’archétype même de l’inconscient gouverné par l’imago de la mère. Le combat de Miss Miller vise à l’indépendance : le héros apparaît alors comme un sauveur qui réalise tout ce qu’elle est incapable de faire elle-même. Les analyses détaillées de Hiawatha et de Siegfried confirment la théorie du héros comme symbole du soi. Les circonstances extraordinaires de la naissance du héros sont dues au fait qu’il est né d’une mère/ épouse ; ce thème de la double mère produit une double naissance : l’une mortelle, l’autre quasi divine. Dans ce combat entre mort et renaissance, on peut voir le symbole de la lutte du soi contre le désir d’un retour dans l’inconscient (la mère). Tandis que la religion et la société condamnent et font barrage à cette démarche régressive, il est au contraire fortement recommandé à la thérapie de l’encourager, car il ne s’agit pas d’un retour incestueux à la mère, mais une régression vers la totalité présexuelle de l’inconscient. Ce conflit entre le moi conscient et l’inconscient est à la source de la représentation classique du héros en train de combattre indéfiniment des forces menaçantes et démoniaques. Le fait que souvent le héros et son adversaire se ressemblent est considéré comme un symbole de leur lien en tant que double élément d’un même tout. De même, le trésor que recherchent tant de héros légendaires est considéré comme la vie elle-même, la solution du conflit entre le conscient et l’inconscient ; à travers l’introversion, càd l’entrée dans la grotte, le trésor/soi est reconquis càd renaît. On propose une interprétation similaire des rêves, car le mythe du héros en tant que drame inconscient est en fait une sorte de rêve.

000091 -Le sacrifice.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 394-440), (§613-682) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.648-716).

On déduit le sens de la mort du héros Chiwantopel en comparant l’attitude de Miss Miller à celle du poète Hölderlin et à des nombreuses sources religieuses, légendaires et mythologiques. Le conscient de Miss Miller est menacé d’invasion par l’inconscient ; si cette invasion échouait, le conscient serait libre de briser l’inertie et pourrait avancer. Une situation similaire est analysée dans la poésie de Hölderlin, en particulier son désinvestissement progressif de la réalité. Ces références servent à présenter la régression comme une introversion volontaire dont la dépression serait une compensation inconsciente. Les poèmes de Hölderlin sont également cités comme exemples de la régression en tant que mise en relation avec les contenus originaires ; ceux-ci doivent être assimilés par le conscient faute de quoi leur forme chaotique engendrerait la schizophrénie. Les références à la mort sacrificielle et à la résurrection du Christ illustrent la similitude de la pensée du poète avec les thèmes mythologiques de la mort ou de l’auto-sacrifice du héros ouvrant les portes de l’immortalité. Le sacrifice de Chiwantopel par Miss Miller est interprété comme l’insistance apportée par l’inconscient pour qu’elle renonce à aspirer au retour dans les abîmes maternels. Le problème de Miss Miller est bien plus qu’un cas de psychologie individuelle : il reflète celui de l’humanité en général. Les symboles utilisés dans ces visions sont des images mythologiques nées de l’inconscient ; ce n’est pas le tabou de l’inceste qui a contraint l’humanité à l’évolution mais la tendance instinctive à l’évolution dont ce tabou et les autres sont issus. On évoque la philosophie indoue, sorte de mythologie purifiée traitant du sacrifice, ainsi que d’autres symboles sacrificiels légendaires ou mythologiques, et on compare la différence entre les sacrifices mithriaque et chrétien. En fonction de cette différence, le fantasme de Miss Miller, qui tue aussi bien le héros que son cheval, est interprété comme l’insistance de l’inconscient à la faire renoncer non seulement aux pulsions représentées par le cheval, mais également au moi représenté par le héros. Le drame joué par Chiwantopel et son cheval doit être à présent agi dans la vie de Miss Miller elle-même. 31 références.

000092 – Symboles de transformation. Epilogue.

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 441-444), (§683-685) & Jung, METAMORPHOSES DE L’AME ET SES SYMBOLES, Genève, Librairie de l’Université Georg 1973, (p.717-721).

Développement de la conception du rôle de la psychothérapie dans des cas comme celui de Miss Miller. On pense qu’à la fin des visions de celle-ci, la menace de l’inconscient était manifeste mais, étant incapable de saisir le sens des symboles de ses visions, Mis Miller ne pouvait ni comprendre ce qui se passait ni intégrer le héros dans sa personnalité consciente. La production imaginaire est une énergie qui échappe au contrôle conscient et elle est considérée comme précurseur de perturbations psychiques. Le rôle du psychothérapeute consiste à aider le patient à assimiler une partie de son inconscient et à supprimer la dissociation en intégrant les tendances inconscientes au conscient. Le cas particulier de Miss Miller est considéré comme un exemple des manifestations inconscientes précédant un désordre psychique, ce qui nous a mené à l’exploration de problèmes plus vastes ; c’est ainsi qu’en tant qu’expression de la situation psychique du patient, les fantasmes, rêves et hallucinations représentent le matériel grâce auquel un scientifique accroît le savoir humain.

000093 – Symboles de transformation.
Appendice : Les fantaisies milleriennes

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.5. 2nd. Ed.,Princeton University Press, 1967.557 p. (p. 445-462).

Les fantasmes millériens qui composent le matériel de base des « Symboles de Transformation » sont reproduits tels que les a écrits Miss Frank Miller. Ce matériel comprend également des remarques ou des suggestions, deux poèmes oniriques et la vision hypnagogique de l’histoire de Chiwantopel. Sont données de brèves informations sur ce qu’elle faisait ou pensait avant les poèmes et sa vision. Miss Miller affirme que toutes les personnes de nature sensible sont, comme elle, influençables et s’autosuggestionnent. Elle explique ses poèmes oniriques comme un mélange d’impressions nées de la littérature, de pièces de théâtre et de la philosophie. Miss Miller analyse la vision de Chiwantopel qui a surgi au cours de ce qu’elle décrit comme un état anticipatoire avant le sommeil. Cette vision comprend l’apparition de l’aztèque, la bataille hippique, la ville imaginaire, le changement de décor en une forêt dans laquelle Chiwantopel échappe à la menace de la flèche de l’indien, sa quête de l’âme sœur, son désespoir, l’apparition d’une vipère et la mort de son cheval et de lui-même. Miss Miller appelle Chiwantopel, héros de l’histoire, son « guide spirituel » et analyse la vision ; elle en trouve les sources quotidiennes (par exemple, pour le nom de son héros ou l’apparition du volcan) dans Shakespeare, Hiawatha, d’autres textes littéraires ou philosophiques ou encore dans sa propre expérience. Elle pense également que, précédant sa vision, la recherche quotidienne d’une idée originale aurait pu précipiter son fantasme hypnagogique. Elle considère en général ses visions de façon littéraire et superficielle sans se demander s’il n’y a pas eu une intervention de forces psychiques plus profondes.

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