La chimère transférentielle. Proposition épistémologique, neuroscientifique et clinicothéorique du transfert psychanalytique comme système complexe

Thèse de doctorat de psychologie soutenue le 21 avril 2015
Université Lumière Lyon 2
Directeur de thèse : Bernard Chouvier, Professeur émérite (Lyon 2)
Présidente du jury : Professeur Anne Brun (Lyon 2)
Membres du jury : Professeur Denise Gimenez Ramos, (Université Catholique Pontificale de São Paulo) et Professeur Pascal Roman (Université de Lausanne)

Ce travail,chimère transférentielle comme dimension du transfert qui ne peut être assignée ni à l’un ni à l’autre des deux protagonistes d’un travail analytique, bien que les concernant tous deux. Cette dénomination repose autant sur le travail de Michel de M’Uzan que sur le champ sémantique complexe associé au mot chimère.

La méthodologie de ce travail est celle, théorico-clinique, développée par Widlocher sous le nom de cas singulier. Elle conduit à la recherche d’une preuve d’existence, et non à une preuve d’universalité.

Une première partie propose une discussion épistémologique quie avec l’avènement de la relativité restreinte, rapidement suivie de la relativité générale et de la mécanique quantique puis de la théorie des systèmes complexes, aussi appelée théorie du chaos. Il est soutenu dans ce travail qu’une révision des positions épistémologiques fondées sur le travail de Popper, et une meilleure prise en compte d’approches telles que proposées par Adorno ou Morin est nécessaire. Cette discussion conclut à l’importance de notions telle que celles d’émergence ou d’énaction, en ce qu’elles rendent compte du fait que ce qui apparaît à un moment donné de l’expérience ne préexiste pas nécessairement à sa manifestation.

Enfin cette discussion épistémologique tente d’éclairer la profonde divergence entre les approches de Freud et de Jung, divergence qui apparaît ici comme résultant principalement d’une différence de point de vue épistémologique. Là aussi, le recours à la physique, précisément à la notion de section de Poincaré, permet d’éclairer cette divergence autrement que par une simple opposition. Cela permet de comprendre pourquoi, dans le champ de la psychologie clinique autant que dans celui de la psychanalyse, des théories divergentes, parfois opposées, peuvent et doivent coexister afin de pouvoir construire une représentation aussi exhaustive que possible de la réalité.

Dans une seconde partie, l’hypothèse de la chimère transférentielle est abordée au regard des neurosciences. Il est ainsi proposé une représentation neuroscientifique de la relation analytique. Cette représentation n’a aucunement pour objet de se prétendre vraie, mais, plus modestement, possible. Elle vise à proposer une nouvelle manière d’articuler neurosciences et théories psychanalytiques, postulant que l’expérience de la clinique psychanalytique est un niveau de complexité très supérieur à ce qui est aujourd’hui accessible aux neurosciences, ce qui permet de rendre compte de l’existence de dynamiques propres au processus analytique du fait de leur émergence entre les niveaux de complexité accessibles à la recherche neuroscientifique et celui de l’expérience psychanalytique.

Enfin, dans une troisième partie, ce travail aborde différents aspects de la chimère transférentielle telle qu’elle est se manifeste dans la clinique psychanalytique. Un premier cas clinique est exposé en détail afin d’apporter une preuve d’existence de cette dimension. D’autres cas cliniques suivent, centrés sur une dimension ou un moment particulier de la cure, afin d’apporter la preuve de cette existence dans d’autres contextes, et avec des patients dont le fonctionnement et la structure psychique diffèrent autant du premier cas exposé qu’entre eux. Enfin, chacun de ces cas a été l’occasion de focaliser la discussion théorico-clinique sur un aspect particulier, saillant dans le cas considéré.

Sont ainsi discutées l’adéquation de l’hypothèse avec la théorisation jungienne de la dimension archétypique du transfert, l’articulation possible de cette théorisation avec la théorisation freudienne, à partir de la séduction originaire proposée par Laplanche, puis la dimension de contenance psychique de la chimère, toujours au regard de la théorie jungienne.

Quatre autres approches de la chimère sont, ensuite, proposées à la discussion :

 les mouvements de déintégration/réintégration du soi en rapport avec la constitution et les dynamiques de la chimère, à partir des propositions de Fordham ;

 les rapports de la chimère avec les temporalités psychiques, telles qu’abordées dans la théorie jungienne et telles qu’il est possible de les aborder aussi à partir des travaux de Laplanche ;

 la possibilité de voir la chimère selon le concept de synchronicité développé par Pauli et Jung ;

 enfin l’importance de l’éthique comme garante de la dimension psychanalytique de la chimère et du processus analytique en général.
François Martin-Vallas
Disponible en version électronique (gratuite) ou papier sur : http://chimere.martin-vallas.fr

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