04. Freud et la psychanalyse

Volume 4

000054 – La théorie de Freud sur l’hystérie : réponse à Aschaffenburg (1906)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 3-9), (§1-26)

Défense de la théorie freudienne de l’hystérie contre les critiques d’Aschaffenburg sur le rôle de la sexualité dans la formation des psychonévroses. Ses critiques visent spécifiquement la psychologie de la sexualité, les caracté-ristiques des symptômes hystériques et les premières méthodes de la psychanalyse. Aschaffenburg accepte le point de vue, généralement reconnu aujourd’hui, selon lequel l’hystérie est une pathologie d’origine psychique et que, sans conteste, la sexualité représente un élément essentiel de la psyché, mais le fait qu’Aschaffenburg affirme que toutes les hystéries sont d’origine traumatique prouve seulement qu’elles ne sont pas toutes d’origine sexuelle. Sa considération ne serait valable que si elle était confirmée par la méthode psychanalytique, or il affirme que cette méthode est une autosuggestion de la part du médecin et du patient, mais là encore il n’y a pas de preuve ; la méthode associative qui étaie les résultats de la psychanalyse n’a rien à voir avec l’autosuggestion et elle peut être reproduite par tout un chacun. Aschaffenburg considère immorale dans bien des cas la recherche de préoccupations sexuelles chez le patient. La décision de l’utilisation clinique des investigations sur la sexualité ne peut se faire qu’en fonction des intérêts de l’individu et non au nom de considérations « supérieures ». On conclut que la théorie freudienne de l’hystérie n’est toujours pas invalidée et qu’elle ne peut l’être que par la psychanalyse ; celle-ci a confirmé les résultats de Freud et la méthode n’a pas été contestée.

000055 – La théorie Freudienne sur l’hystérie. (1908)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 10-24), (§27-63)

Reprise du développement des théories de Freud sur l’hystérie. Ce sont moins des théories formelles que des hypothèses de travail qui concordent avec son expérience. En 1895, Freud et Breuer avaient conclu que les symptômes psychogènes avaient pour origine des complexes à tonalité affective dont l’effet traumatique se traduisait par des conversions somatiques anormales (hystérie classique) ou par un déplacement sur des complexes moins significatifs (névroses obsessionnelles). L’affect traumatisant n’est pas abréagi comme chez les personnes normales parce qu’il est incompatible avec le conscient et donc refoulé. L’année suivante, les résultats de 13 analyses avaient conduit Freud à annoncer que l’étiologie de l’hystérie se situait dans les traumatismes sexuels de la prime enfance. Après avoir étendu ses recherches sur la psychologie sexuelle en général et sur la psychologie du rêve et avoir affiné sa technique psycha-nalytique, il avait formulé l’état actuel de sa position : a) certaines activités infantiles de sexualité perverse sont maintenues, mais ne génèrent pas d’emblée l’hystérie, b) à la puberté, les fantasmes gardent cette tendance et génèrent des complexes incom-patibles avec le conscient ; ils sont alors refoulés, c) le transfert de la libido sur un objet d’amour et la lutte de la libido contre le refoulement fait éclater la pathologie. On ne sait si le schéma de Freud peut être appliqué à toutes les formes de l’hystérie, mais ses découvertes sont valables dans un grand nombre de cas. On recommande des recherches plus poussées. 3 références.

000056 – L’analyse des rêves. (1909)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 25-34), (§64-94), texte original in Année psychologique, XV, 1909 (p.160-167)

A propos du travail de Freud sur l’analyse des rêves : le rêve est défini comme un produit de l’activité psychique susceptible d’être analysé. Ce n’est ni une donnée parfaitement insignifiante, ni le résultat d’une sensation phy-sique. Freud appelle contenu manifeste les images caractéristiques des rêves ; derrière elles, il y a le contenu latent essentiel. Etant donné que le rêve est personnel et en accord avec la disposition spécifique du sujet, Freud se demande pourquoi, dans tel rêve, une personne définie rêve telle chose particulière. L’air de la jeune fille du « Faust” célébrant la fidélité d’un roi reflète clairement le souhait d’un Faust fidèle. Freud dit que chaque rêve représente l’accom-plissement d’un désir refoulé. Dans la chanson de la jeune fille, l’idée d’associer les deux personnes, elle et Faust, est trop forte pour être ouvertement acceptée. Il en est ainsi des souhaits que formule le rêve : ce sont des désirs refoulés parce que trop douloureux. On appelle censure, le mécanisme qui empêche les pensées refoulées d’apparaître au grand jour. Il est vain de ques-tionner directement ce qu’il y a derrière le contenu manifeste. On doit recourir aux associations ou questionner le sujet sur ses associations à propos des points marquants du rêve. Il est difficile, sans faire surgir des résistances, d’amener le sujet à associer librement. La méthode pour vaincre peu à peu les résistances en mettant à jour, une à une, des associations mineures est illustrée par l’analyse du rêve d’un jeune homme dînant avec le pape et de séduisantes jeunes femmes : il était constamment obligé de quitter la réunion pour aller uriner. L’analyste posa des questions sur le dîner, la place des convives, l’ensemble du rêve, etc., sur lesquels le sujet associa jusqu’à ce que l’analyse d’éléments plus importants puisse avoir lieu. L’étude de la méthode psychanalytique est recommandée non seulement aux psychiatres et aux neurologues, mais aussi aux psychologues.

000057 – Contribution à la psychologie de la rumeur. (1910)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 35-47), (§95-128), & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Paris, Buchet Chastel, 1963, (p.179-205)

Le cas d’une enfant de 13 ans, renvoyée de l’école pour avoir lancé une rumeur sordide à propos de son professeur mâle, éclaire la psychologie de la rumeur et montre comment celle-ci figure dans l’interprétation d’un rêve. La petite avait tout simplement raconté un rêve à ses compagnes. Dans ce rêve, elle et sa sœur avaient mis, faute de place, leur maillot de bain en présence de gar-çons puis étaient allées nager avec leur professeur, avaient fait du bateau, participé à un mariage et étaient allées en voyage « comme un voyage de noce » ; elles avaient passé la nuit, toujours par manque de place, dans une grange et à la fin, le maître devenait le parrain de l’enfant d’une dame. Les versions de la classe, qui s’était identifiée au sujet et à son désir refoulé de relations sexuelles avec le maître, ont fonctionné comme des interprétations du rêve. Certaines sont plus explicites que d’autres. Certaines de ces versions font nager la fillette sur le dos du professeur au lieu de faire du bateau ; d’autres introduisent deux gros hommes inconnus (le maître était grassouillet) dans le bain ; les élèves auraient entendu de la bouche du sujet d’autres versions qui font référence à des séquences « indécentes » du rêve et que les enfants ont refusé de décrire. La fillette a porté pré-ju-dice au professeur dont elle était précédemment amoureuse. Après une mauvaise note et pour com-penser le sentiment conscient de haine, le rêve a agi dans un premier temps comme expression d’un désir refoulé d’union sexuelle puis, par sa narration, comme un moyen de le retrouver.

000058 – Sur la signification des rêves de nombres. (1910)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 48-55), (§129-153), & Jung, L’ENERGETIQUE PSYCHIQUE, Genève, Georg librairie de l’université, 1973, (p.107-117)

Les exemples montrent que dans les rêves les nombres révèlent les racines inconscientes du symbolisme des nombres plutôt que les spéculations conscientes sur les relations symboliques entre les nombres. Exemple d’un homme d’âge moyen impliqué dans une relation extraconjugale : un rêve faisait état de plu-sieurs chiffres qu’il analyse comme la somme des âges et des dates importantes de sa famille. Manifestement, il y avait un conflit sévère entre l’attachement familial du patient et son amour pour sa maîtresse. Un autre rêve avec des nombres montrait la tendance refoulée de ce même patient à reconnaître le prix de son aventure. Consciemment, le patient donnait libre cours à des fantasmes impliquant des chiffres, par ex. à 35 ans, il s’imaginait célébrer leurs cent ans avec sa mère qui en avait 65. Il jouait avec les chiffres apparus dans ses rêves et les associait à des envies et à l’accomplissement de désirs. Autre exemple : le rêve de l’épouse du patient. Tout son rêve était : Luc 137, et faisait référence aux passages de cet ouvrage en mélangeant chapitres et versets. Ce nombre avait un double sens : il rappelait le nombre d’enfants vivants qu’elle aurait eus sans ses fausses couches et le souhait refoulé de la mort de son mari. Bien que la patiente ne pratiquât pas la Bible, les passages 1,37 – 13,7 et 7,13 de Luc peuvent être interprétés comme le désir d’avoir plus d’enfants, le rejet de son mari, la rancune contre son impuissance et le souhait qu’il en soit guéri.

000059 – Morton Price «le mécanisme et l’interprétation des rêves» compte rendu critique. (1910)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 56-73), (§154-193)

L’article de Morton Prince sur l’analyse de six rêves d’une patiente est jugé non scientifique, bien que l’intérêt de Morton pour le sujet controversé de l’analyse des rêves soit reconnu. Prince est de l’avis de Freud : les rêves ont un sens, ce sens est caché par des symboles et on doit faire appel aux souvenirs pour le trouver. Mais il est en désaccord avec Freud pour qui chaque rêve est l’accomplissement d’un désir ; il trouve que certains rêves expriment la peur ou l’anxiété. Les rêves que rapporte Prince expriment manifestement le transfert sur l’analyste d’une patiente d’âge moyen souffrant de dissociation hystérique, mais il ne les interprète pas en ce sens. Le rêve numéro1 n’a pas été suffisamment analysé parce que Prince n’a attaché de l’importance à un homme en robe de chambre apportant du bois de chauffage. Le rêve numéro 2, que Prince interprète comme la crainte de la patiente de tomber à nouveau malade, peut être compris comme le désir de retomber malade pour retenir l’attention de l’analyste. Dans le 3ème rêve, le médecin assomme la patiente en lui enfonçant une pierre dans la tête pour lui signifier qu’elle ne le trouble pas ; Prince y voit la non réalisation du désir de la patiente de capter l’attention de l’analyste, mais en fait ce rêve représente un désir érotique. Le 4ème rêve a été censuré par Prince, gommant de façon non scientifique, « l’intimité ». Au lieu d’analyser le 5ème rêve dans lequel la patiente est obligée de marcher sans faire de bruit parmi des chats, Prince n’en a fourni qu’une impression générale. Bien que le sujet ait la phobie des chats, ceux du rêve représentent son amour et l’aphonie qui persista après le rêve était un symptôme pour attirer l’attention de l’analyste. Prince n’a vu ni désir refoulé ni conflit dans le 6ème rêve, et pourtant il s’agit de tortures que la patiente souhaite infliger à l’analyste en représailles de son abandon. Ces rêves sont insuffi-samment analysés ou mal inter-prétés parce que certains éléments sont laissés de côté et que le sens est trop souvent pris à la lettre et non symboliquement. On conclut qu’une critique sérieuse de la théorie des rêves de Freud n’est pas fondée de la part de Prince puisque ses propres méthodes manquent à ce point d’appro-fondissement scientifique. 1 référence.

000060 – Sur la critique de la psychanalyse. (1910)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 74-77), (§194-196)

Un commentaire à propos des critiques contre la psychanalyse montre que la plus forte opposition vient des médecins et des psychologues. La plupart des profanes saisissent les vérités de la psychanalyse et comprennent qu’une preuve psychologique et une preuve matérielle doivent nécessairement être différentes. La violente résistance des professionnels provient en général des préjugés scienti-fiques fondés sur une façon différente de penser. Ces critiques attaquent la méthode psychanalytique comme si elle était fondée sur des principes a priori alors qu’elle est en réalité pure-ment empirique. Parfois, cependant, l’attitude critique du scientifique est faussée par ses propres sentiments. Compte-rendu exhaustif d’un commentaire ironique de Kurt Mendel qui exprime sa répugnance à l’égard des derniers travaux sur l’érotisme anal, la sexualité infantile et l’exposé des aspects vulgaires du sexe en général. Mendel croit que l’enseignement de Freud a ouvert bien des perspectives nouvelles mais il les trouve exagérées et fantaisistes et il questionne l’idée de l’universalité des sentiments sexuels. On estime qu’une telle critique est scientifiquement valable et que son ouvrage mérite la lecture. 2 références.

000061 – A propos de la psychanalyse. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 78-81), (§197-202)

Une lettre à un éditeur défend la psychanalyse contre certaines attaques. Refus de répondre a) aux critiques qui prétendent que la théorie est fausse parce qu’ils pensent qu’elle est moralement dangereuse et b) à ceux qui affirment que les faits découverts par les freudiens n’existent pas ; personne ne peut en effet affirmer a priori que certains faits n’existent pas. Les sujets sexuels osés, évoqués dans la littérature psychanalytique, ne doivent pas être reprochés à la psychanalyse en soi. Ce sont les travaux de la médecine qui ont découvert les fantasmes, et les repro-ches dont ils sont l’objet viennent de notre morale sexuelle. La formation psychanalytique ne concerne pas seulement le sexe mais toutes les facettes de la vie et son but n’est pas de délivrer l’homme de ses passions mais de l’aider à les maîtriser. Le concept de libido est pris dans un sens large, comme l’instinct de conservation de l’espèce ; il ne signifie pas « excitation sexuelle localisée ». On ne peut blâmer la psychanalyse en soi parce que certaines personnes bornées et irresponsables l’utilisent à leurs propres fins. 1 référence.

000062 – La théorie de la psychanalyse, préface (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 83-87).

Préface à une série de conférences sur la théorie de la psychanalyse afin de faire valoir la ligne directrice des principes élaborés par la longue expérience de Freud. En dépit de lourdes critiques souvent prématurées, la psychanalyse a continué à s’étendre en Europe et en Amérique. En tant que discipline scientifique, la psychanalyse a besoin de se renforcer ; cette attitude a été faussement interprétée comme une « scission » dans le mouvement psycha-nalytique. Bien que l’expérience d’aujourd’hui n’atteigne pas la perspicacité et l’expérience extraordinaire de Freud, certaines formulations modernes semblent mieux exprimer les faits observés que la version de Freud. Cette critique modérée cherche à poursuivre la croissance du mouvement psychanalytique. 1 référence.

000063 – La théorie de la psychanalyse,
1.Un tour d’horizon des premières hypothèses. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 88-101), (§203-229) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Un exposé des premières hypothèses psychanalytiques montre l’évolution des concepts au fil des années. La théorie du traumatisme développée par Breuer et Freud soutenait que les névroses provenaient d’un traumatisme de la prime enfance. Normalement, l’excitation est abréagie mais elle est refoulée dans l’hys-térie. Le devoir de la thérapie consiste à libérer l’accumulation de l’excitation. La méthode « cathartique » était intimement liée aux symptômes, contrairement aux techniques psychanalytiques utilisées actuellement. Le concept de refoule-ment, i.e. le mécanisme grâce auquel un contenu conscient passe dans l’inconscient est basé sur la capacité névrotique à oublier des faits significatifs. Le concept de refoulement est en quelque sorte en contradiction avec la théorie du traumatisme car il suppose une théorie étiologique de l’environnement alors que le concept de traumatisme est une théorie de la prédisposition. La recherche de la solution du problème a débouché sur la théorie selon laquelle le traumatisme infantile était sexuel. Freud a abandonné, depuis, l’idée que tous les traumatismes infantiles étaient réels et on pense actuellement qu’une bonne part de ces traumatismes relèvent de l’imagination enfantine. Le facteur sexuel du trauma-tisme est, selon Freud, le principal responsable de son effet pathologique. Les manifestations précoces des fantasmes sexuels et leur effet traumatisant semblent aujourd’hui être à la source des névroses, une opinion qui a soulevé opposition et indigna-tion. Décider de la vérité doit être laissé à l’observation et à la recherche. 3 références.

000064 – La théorie de la psychanalyse.
2. La théorie de la sexualité infantile. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p.102-110), (§230-250) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Commentaires sur la théorie de la sexualité infantile de Freud ; on fait état des dernières divergences à ce sujet. La découverte de fantasmes sexuels précoces a amené Freud à affirmer l’existence d’une sexualité infantile richement développée. Une conception biologique de la sexualité inclut la grossesse, la naissance, la sélection naturelle et une série de fonctions psychologiques et physiologiques. La sexualité peut être identifiée à l’instinct de préservation de l’espèce, en quelque sorte opposée à l’instinct de conservation. On considère que certaines conclusions de Freud sont indéfendables. Freud a même tendance à voir une sorte d’acte sexuel lorsque le bébé tète sa mère. Cela suppose que, comme chez les adultes, la sexualité (préservation de l’espèce) est dissociée de la fonction de nutrition (conservation), mais il n’est pas possible de séparer à ce stade ces deux modalités de l’instinct de vie : les périodes intra et extra-utérine de la petite enfance appartiennent toutes deux à un stade asexué de nutrition et de croissance. Des comportements comme celui de sucer son doigt, manifestement agréable pourtant, relèvent plutôt du registre de la nutrition. Ces comportements peuvent mener à des actes sexuels précis puisque l’enfant fait dériver son plaisir de son corps. Freud pense que la sexualité infantile, centrée sur son propre corps, est perverse parce qu’elle ressemble aux perversions futures. Il émet alors l’hypothèse que la sexualité est partagée en une pluralité de pulsions, ce qui donne naissance au concept de « zones érogènes », telles que la bouche, la peau, l’anus, etc. La sexualité « monomorphe » ulté-rieure est ainsi conçue comme un ensemble de composantes. Les perversions existent au détriment de la sexualité normale ; l’habitude d’une forme particu-lière de sexualité entraîne la limitation d’une autre forme. L’exemple d’un jeune homme qui était homosexuel vers 10 ans, hétérosexuel vers 20 ans et qui est retourné à l’homo-sexualité après avoir été trahi, illustre la mobilité des composantes sexuelles. Jusqu’à présent, la théorie n’explique pas comment surviennent de telles transformations. La conception freudienne des composantes a été modifiée pour être remplacée par la conception de la libido comme énergie.

000065 – La théorie de la psychanalyse.
3. Le concept de libido. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 111-128), (§251-293) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Large exposé sur la libido pour clarifier la définition freudienne courante de ce concept (un besoin sexuel fondamental, un désir ardent) et pour formuler une théorie globale intégrant les recherches et concepts modernes. Considérée comme un tout dynamique, la libido est analysée en fonction de la théorie énergétique et elle est mise ainsi en rapport avec les lois de la conservation d’énergie. Les systèmes imaginatifs inconscients ne deviennent objets de la libido que dans les névroses. La conservation de la libido inclut la nature de la libido infantile et aussi la théorie selon laquelle les anomalies et les perversions existent sous forme latente dans l’enfance. Brève différenciation des manifestations variées de la libido dans les trois phases de la vie – pré sexuelle, pré pubertaire et adulte -. Les réflexions sur la terminologie sexuelle mettent en évidence la difficulté à ap-pli-quer celle-ci aux enfants pré pubertaires chez qui l’intensité de la libido n’est pas moindre que chez les adultes mais peut être différemment localisée. L’analyse du problème de la libido dans la démence précoce fait apparaître que le manque d’adaptation du patient à la réalité est compensée par un surcroît progressif de fantasmes. Une conception génétique considère la libido comme un type d’énergie psychique qui se manifeste dans le processus de vie et est perçue subjectivement comme élan et désir. Les perversions infantiles en tant que concept libidinal tournent autour de la théorie de la sexualité qui, à son tour, est impor-tante pour la théorie des névroses. La fonction nourricière de la libido (celle de sucer) est une des phases transitoires de l’enfant et se développe en sexualité normale à l’âge adulte. 2 références.

000066 – La théorie de la psychanalyse.
4. Névrose et facteurs étiologiques dans l’enfance (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 129-138), (§294-313) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Les rôles de la prédisposition sexuelle, le complexe parental et les influences parentales en général sont analysés pour éclairer les évènements de l’enfance qui deviendront le terrain de névroses futures. On considère que la prédisposition sexuelle à la névrose ralentit la libération de la libido attachée aux activités du stade pré sexuel. La maturité accentue ce retard qui mène à la dissociation de la personnalité. La réaction hystérique d’une patiente face à des chevaux emballés montre que la théorie traumatique n’est pas appropriée. La responsabilité des affects ultérieurs incontrôlables relève d’un système imagina-tif précoce, plutôt que des évènements traumatiques de l’enfance. Cette implication de la libido dans l’imaginaire, et non dans la vie réelle, démontre une introversion partielle. Le complexe parental, dans lequel les émotions sont encore liées aux images parentales, contribue à freiner la libido. La tendance à l’imitation des enfants, qui vont jusqu’à s’identifier aux parents, et des primitifs, explique la force des influences parentales. Beaucoup de névrosés, enfants gâtés, attendant de rece-voir de l’extérieur la même tendresse familiale, se rendent compte de la diffé-rence entre le passé et le présent mais sont incapables de s’adapter à cause du retard émotif par rapport à la pensée. 1 référence.

000067 – La théorie de la psychanalyse.
5. Les fantaisies de l’inconscient. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 139-150), (§314-339) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Analyse du concept d’inconscient, des fonctions du rêve, de l’analyse des rêves et du test des associations pour atteindre l’inconscient. On considère que l’inconscient et son imaginaire infantile représentent la clé de l’étiologie des névroses. Bien que le patient puisse ne pas connaître la mythologie, il existe des parallèles évidents entre les contenus imaginaires de l’inconscient et ceux de la mythologie. Le rêve est un effet de l’inconscient exprimé en termes symboliques conscients. L’analyse des rêves recherche des associations aux images du rêves susceptibles de montrer l’origine de celles-ci dans un passé récent. Le matériel du rêve est fait d’un mélange de souvenirs conscients et d’associations ou analogies significa-tives. L’expérience des associations est un simple test à l’aide duquel on peut explorer l’influence de l’inconscient et identifier certains signes de complexes qui trahissent des disfonctionnements potentiels. L’accumulation de ce type de phén-omènes déclenche une névrose, effet d’une constellation inconsciente.

000068 – La théorie de la psychanalyse.
6. Le complexe d’Œdipe. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 151-156), (§340-352) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Analyse et explication du développement du complexe d’Œdipe, le fantasme le plus courant des enfants. Ce complexe, qui peut être simplement considéré comme une demande d’amour aux parents, peut provoquer un affect très fort chez les enfants, moindre cependant qu’une émotion d’adulte. Etant donné que le premier amour de l’enfant s’adresse à la mère, une fille peut également avoir un complexe d’Œdipe. Ce complexe peut entraîner un désir inconscient chez l’enfant de tuer le père afin de garder la mère pour lui tout seul. Le facteur érotique s’intensifie avec l’âge et le complexe prend ainsi sa forme classique à la maturité. Si l’enfant n’arrive pas, après la puberté, à s’affranchir de son milieu familial le complexe va activer le conflit avec de possibles perturbations névrotiques. A ce stade, la libido prend la forme du « moule » œdipien et provoque des fantasmes qui trahissent l’existence du complexe jusque-là inconscient. Les fortes résistances contre ces pulsions « immorales » peuvent se manifester soit par une violente résistance au père et un amour pour la mère, soit par une soumission compensatrice au père et une opposition à la mère. Parfois ces attitudes alternent. Normalement, la libido s’oriente vers des objets extérieurs, aidée en cela par la religion qui l’éloigne des objets infantiles pour l’orienter vers des représentations symboliques du passé. Selon Freud, le complexe d’Œdipe est refoulé par une répression morale appelée la « barrière de l’inceste ».

000069 – La théorie de la psychanalyse.
7. Ætiologie des névroses. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 157-180), (§353-406) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Analyse du développement des névroses afin de rechercher l’importance étiologique de l’action de l’inconscient, des conflits actuels, de la régression de la libido, et de l’impact relatif des évènements traumatiques et des caractéristiques innées. Le cas de la réaction hystérique de la jeune femme face aux chevaux emballés illustre l’influence de l’inconscient. La théorie freudienne de la sexualité infantile est considérée comme une mauvaise explication des névroses d’adulte et la doctrine de la « période de latence sexuelle » est rejetée. Cette période est véritablement le début de la sexualité et tout ce qui précède est considéré comme un stade préliminaire sans réel caractère sexuel. Il n’y a pas d’étiologie significative dans le parcours infantile ; la cause du conflit pathogène est le plus souvent actuelle. Les expériences de l’enfance ne sont significatives de la névrose que s’il y a une régression de la libido au cours de laquelle le souvenir détermine la forme tandis que le présent apporte l’élément dynamique. Le retour au stade infantile est illustré par le cas de deux sœurs qui réagissent aux conflits générés par un mariage imminent. On conclut que ce n’est ni un évènement traumatique, ni une prédisposition qui peut être l’unique cause de la névrose, mais que les deux la conditionnent. Les fantasmes régressifs ne sont pas seulement utilisés comme substituts de l’action mais, aussi bien chez les personnes normales que névrosées, comme des tentatives inconscientes pour trouver de nouvelles voies vers une adaptation au réel.

000070 – La théorie de la psychanalyse.
8. Principes thérapeutiques de la psychanalyse. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368p. (p. 181-203), (§ 407-457), (§407-457) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Analyse de quelques techniques thérapeutiques et accent sur les dangers et avantages du transfert comme outil du traitement des névroses. La présence de l’analyste dans les fantasmes du patient sert à faire émerger de l’inconscient ces fantasmes et à libérer la libido qui y est attachée. Ceci a souvent pour effet de reporter sur l’analyste les fantasmes précédemment liés aux images parentales. Bien que ce transfert puisse constituer une passerelle vers la réalité, le hasard veut qu’il soit parfois trop avantageux pour le patient. Parallèle entre la psychanalyse et la confession, mais de rôle de l’analyste n’est pas de diriger mais de former ses patients à l’indépendance. L’analyse du transfert doit être alors mise en œuvre pour libérer la libido de tous les fantasmes et maîtriser les demandes d’attention du patient équivalentes à la demande infantile d’amour. L’analyste doit avoir été lui-même analysé pour qu’il n’identifie pas ses propres demandes infantiles à celles de son patient. La technique de l’analyse du transfert n’a pas varié depuis le début de l’analyse mais on y a ajouté l’utilisation des rêves non seulement pour comprendre l’investissement de la libido dans les fantasmes, mais égale-ment pour savoir comment réinvestir la libido libérée. Les rêves peuvent être considérés comme des agencements subliminaux de faits à venir ; ces tendances ont à être élaborées pour libérer le patient de son transfert semi-infantile et mettre fin au traitement. Un court commentaire sur l’usage futur de la psychanalyse prédit que celle-ci ne sera jamais réservée aux seuls médecins et il est fait mention des parallèles entre les symboles des individus d’aujourd’hui et ceux découverts dans l’histoire de la espèce humaine.

000071 – La théorie de la psychanalyse.
9. Un cas de névrose chez un enfant. (1912)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 204-226), (§458-522) & Jung, LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

Exposé du cas d’une fillette de 11 ans pour illustrer la technique de psychanalyse et la régression de la libido. La fillette avait des nausées et des céphalées qui l’empêchaient de fréquenter l’école et elle avait été également l’objet d’un chantage de la part d’un petit garçon qui l’accusait d’avoir dit du mal de son maître. Dix séances avaient fait découvrir le plaisir de rester à la maison, son amour pour le maître et sa tristesse d’avoir perdu l’estime de celui-ci. On découvrit également son questionnement sur la grossesse et l’accouchement, la peur de son père, ses expériences de masturbation et son désir d’avoir un bébé. Compte-rendu de la façon dont ces contenus furent mis à jour, de l’utilisation des rêves pour les éclairer et aider l’enfant à les comprendre, de l’interprétation de l’analyste et de la façon dont il en faisait part à l’enfant. En outre, commentaires approfondis sur le symbolisme mis à jour dans les rêves de l’enfant et sur les aspects philosophiques de l’analyse qui n’ont jamais été rapportés aux parents. Mis en parallèle entre la mythologie et l’individu d’aujourd’hui. On pense que bien des difficultés de l’enfant auraient pu être évitées si sa famille l’avait clairement informée des choses sexuelles.

000072 – Aspects généraux de la psychanalyse. (1913)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 227-242), (§523-556) LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE, Paris, Montaigne, 1932.

En partant de l’exposé des principes de la psychanalyse, on pense que celle-ci est à présent une science qui pourrait s’appeler, à partir de ces techniques, psychologie analytique. Travaillant sur l’inconscient plutôt que sur le conscient, la psychanalyse tente de maîtriser les désordres névrotiques en se basant sur les données fournies par le patient. L’analyse débute par une anamnèse consciente et le test des associations est utilisé pour étudier l’activité diurne et consciente ; exemples de ce type de séances. L’analyse des rêves est un outil appréciable pour la psychanalyse, mais en début de traitement, la plupart des patients ne peuvent pas fournir suffisamment de détails pour une analyse efficace et exhaustive. Les patients qui ne rêvent pas ou qui ne peuvent se souvenir de leurs rêves font état en général de contenus conscients. Les images des rêves sont interprétées sexuellement mais aussi comme symboles d’autre chose ; ainsi un rêve fran-chement sexuel peut avoir d’autres connotations. La conception freudienne du rêve comme expression de désirs refoulés est caduque : il représenterait plutôt l’expression subliminale de la situation psychologique effective de l’état cons-cient. Le choix du contenu onirique que Freud appelle le désir refoulé est essentiellement considéré comme un moyen d’expression. Limites pratiques de l’analyste au regard de son patient et aspect philosophique général de la psychanalyse.

000073 – Psychanalyse et névrose. (1913)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 243-251), (§557-575) &.in l’Encéphale, VIII, Paris, 1913, (p.263-266)

Compte-rendu de la théorie freudienne des névroses, des questions qu’elle soulève et remplacement de son approche sexuelle exclusive par un concept énergétique. L’observation de l’évolution étiologique depuis le traumatisme sexuel infantile jusqu’à l’activité sexuelle de l’enfant, a abouti à la dernière théo-rie de Freud : le névrosé est fixé à un certain stade précoce et le rôle essentiel du traitement réside dans la résolution de cette fixation infantile. Ce point de vue est néanmoins contestable car dans bien des cas il n’y a aucun signe de névrose jusqu’au moment de la crise. Il semble plutôt que le névrosé possède une sensibilité congénitale responsable d’une résistance précoce à l’adaptation et que la névrose survient lorsque se présente la nécessité d’une nouvelle adaptation psychologique. Lorsque la libido rencontre un obstacle qui paraît insurmontable que l’individu renonce à surmonter, la libido accumulée régresse vers une adaptation anormale. Il est certes important d’interroger les fantasmes sexuels infantiles, mais ils doivent être considérés comme des symptômes et non comme des causes. Le but du traitement est d’affranchir la libido qui y est fixée et de la soumettre à la volonté.

000074 – Quelques points cruciaux en psychanalyse. Correspondance entre le Dr Jung et le Dr Loy. (1914)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 252-289), (576-669) & Jung, LA GUERISON PSYCHOLOGIQUE, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1970, (p.131-179)

Les questions soulevées au cours de l’analyse du Dr. Loy, entreprise pour l’aider dans sa pratique psychanalytique, sont discutées dans une correspondance. Les thèmes portent sur les raisons de l’abandon de la méthode cathartique et de la suggestion sous hypnose, sur la relation entre ces méthodes et le phénomène du transfert, et également sur les questions éthiques en comparant les conflits rencontrés par une personne en même temps chercheur et médecin. La psycha-na-lyse est considérée comme un traitement plus scientifique, mais en pratique, la technique choisie est celle – hypnose ou vraie analyse – que le médecin estime la plus adéquate au malade Les questions posées par Loy sur le rôle d’éducateur qu’aurait le psychanalyste dans la société sont reportées à « un stade ultérieur de son analyse » et il lui est recommandé d’accroître ses lectures. Dr Loy évoque d’éventuelles diffé-rences de visée pour le patient, le besoin de celui-ci de comprendre la méthode psychanalytique et les limites de la responsabilité du psychanalyste quant à son avenir. La nature et la fonction du transfert est expliquée pour critiquer toute interférence de la part de l’analyste sur l’évolution du patient. La valeur du transfert est affirmée à nouveau dans le sens d’une « obligation biologique » et la question est discutée quant à l’aide apportée au patient pour qu’il s’adapte à la double demande interne et sociale.

000075 – Préface à «Articles sur la psychologie analytique». (1916)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 290-297). (§670-692)

Préfaces des première et seconde éditions des « Collected Papers on Analytical Psychology » se rapportant aux différentes façons de voir des écoles psycha-nalytiques de Vienne et de Zurich. L’école de Vienne se fonde sur une base exclusivement sexuelle et interprète sémiotiquement le symbole comme un signe du processus de la sexualité primitive ; sa méthode est analytique et causale. Le point de vue de Zurich est symbolique, ajoutant une visée positive et prospective au symbole ; sa méthode est synthétique et prospective. Le principe freudien de plaisir et la théorie adlérienne de puissance ne sont pas nécessairement infondés car ces deux principes agissent en tout un chacun, mais ils sont incomplets. En plus de la causalité, la finalité est présentée comme un principe psychologique et on souligne que la vie ne permettrait pas la manifestation incontrôlée d’une recherche infantile de plaisir ou de puissance. La causalité freudienne (de Vienne) est mécaniciste ; la finalité jungienne (de Zurich) est téléologique et fonctionnelle. Toutes deux sont nécessaires pour comprendre le fonctionnement psychologique et elles ne sont pas antagonistes si on les considère comme des principes régulateurs de pensée et non comme principes constituants du proces-sus naturel. 2 références.

000076 -. De l’importance du père pour la destinée de l’individu. (1909)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 301-323), (§693-744) & Jung, PSYCHOLOGIE ET EDUCATION, Paris, Buchet Chastel, 1963, (p.205-240)

Quatre cas illustrent l’influence de « l’imago » du père dans la vie des enfants. La personnalité du père est toute-puissante dans chacun de ces cas ce qui suppose que le pouvoir ne provient pas de l’homme en tant qu’individu mais de ce qu’il représente un modèle instinctuel inné (ou « pattern of behavior »), un archétype. Il s’agit d’une imago chargée d’un dynamisme qui ne peut être attribué à un être humain. Le cas d’une femme, épouse d’un homme qui ressemblait fortement à son père et restée veuve pendant des années, montre qu’elle reproduisait ainsi sa propre vie de jeune fille. Un second cas concerne un homme dont la vie a répété sa relation masochiste homosexuelle avec son père. Le 3è cas présente une femme qui sacrifie chaque évènement heureux sur l’autel de la fidélité à un père mort. Le dernier cas évoque un garçonnet de 8 ans qui se sert de l’énurésie nocturne pour séparer la mère du père. Ces cas montrent que l’influence parentale, même refoulée, contrôle l’esprit adulte. Le rôle de l’imago paternelle est ambigu, ce qui est propre à l’archétype dont les potentialités excèdent dans l’inconscient les capacités humaines. 4 références.

000077 – Introduction à Kranefeldt «Les chemins secrets de l’esprit». (1930)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 333-340), (§768-340) & Jung, LA GUERISON PSYCHOLOGIQUE, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1970, (p.180-190)

Les différences entre les conceptions jungienne et freudienne relèvent des différences entre leurs principes de base. Jung estime que Freud s’est trompé en tournant le dos à la philosophie tandis que Jung apprécie autant la religion que la biologie ou les sciences naturelles et il peut intégrer d’autres approches dans sa propre façon de voir. Jung rassemble toutes les forces et pulsions dans le concept d’énergie, contrairement à Freud qui admet de mauvaise grâce tout autre pulsion que celle de la sexualité. L’attention portée par Freud aux faits biolo-giques contraste avec la considération qu’a Jung pour la vie de l’esprit, ce pourquoi il a été accusé de mysti-cisme. Le surmoi de Freud peut être, en l’occurrence, considéré comme un Jéhovah affublé d’un terme psychologique. L’étude de la religion relève de l’étude de l’homme, car l’histoire humaine comprend le développement des fonctions religieuses ; des milliers d’années de rites initiatiques ont enseigné la renaissance par l’esprit.

000078 – L’opposition entre Freud et Jung. (1929)

In Jung, Collected Works of C. G. Jung, Vol.4. Princeton University Press, 1970. 368 p. (p. 333-340), (§768-340) & Jung, LA GUERISON PSYCHOLOGIQUE, Librairie de l’Université-Georg, Genève 1970, (p.180-190)

Les différences entre les conceptions jungienne et freudienne relèvent des différences entre leurs principes de base. Jung estime que Freud s’est trompé en tournant le dos à la philosophie tandis que Jung apprécie autant la religion que la biologie ou les sciences naturelles et il peut intégrer d’autres approches dans sa propre façon de voir. Jung rassemble toutes les forces et pulsions dans le concept d’énergie, contrairement à Freud qui admet de mauvaise grâce tout autre pulsion que celle de la sexualité. L’attention portée par Freud aux faits biolo-giques contraste avec la considération qu’a Jung pour la vie de l’esprit, ce pourquoi il a été accusé de mysti-cisme. Le surmoi de Freud peut être, en l’occurrence, considéré comme un Jéhovah affublé d’un terme psychologique. L’étude de la religion relève de l’étude de l’homme, car l’histoire humaine comprend le développement des fonctions religieuses ; des milliers d’années de rites initiatiques ont enseigné la renaissance par l’esprit.

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